Le rôle du logement dans le déroulement de la vie quotidienne ne cesse de se renforcer (pandémie de Covid-19, dérèglement climatique, crise énergétique…). Les recherches conduites dans cet axe ont pour objectif d’analyser les transformations de l’espace domestique et de ses usages, et de documenter la contribution du logement à la dynamique des inégalités. Ces recherches considèrent notamment les interrelations entre les différentes dimensions de l’existence (travail domestique et salarié, loisirs, sociabilité, care notamment), dans le prolongement des travaux consacrés au « monde privé ». En outre, elles accordent une place centrale à l’articulation des rapports sociaux (genre, classe, âge, race notamment) qui se déploient et s’inscrivent dans le logement. Enfin, des travaux conduits dans cet axe questionnent plus particulièrement l'impact des transformations du travail et de la dérégulation temporelle sur l'organisation de la sphère privée, les dynamiques familiales et les inégalités de genre.
Constituer un monde privé en situation de vulnérabilité Un premier ensemble de travaux explorent de manière longitudinale et dynamique les mécanismes qui conduisent à la précarité résidentielle ou, au contraire, qui permettent d’en sortir : liens entre privations de logement, de travail et migration ; conditions d’accès et de sortie de l’hébergement institutionnel (Aide Sociale à l’Enfance, ménages relogés en région, sans domiciles…) ; conditions d’existence des étudiants et entrée en paternité des pères de milieux populaires. Constituting a private world in situations of vulnerability Some research explores the mechanisms that lead to residential precariousness or, on the contrary, enable people to escape from it. Studies focus on the links between housing deprivation, work and migration; access to and exit from institutional housing; living conditions for students; and entry into fatherhood of working-class fathers. Du temps de travail aux dynamiques de la vie familiale Un second ensemble de travaux s’intéressent aux liens entre transformations temporelles du travail, flexibilité et organisation de la sphère privée. Ils ciblent notamment deux types de processus émergents. D’une part, l’essor des horaires non-standards de travail (soir, nuit, week-end...) et ses impacts socio-familiaux (conjugalité, parentalité, inégalités de genre notamment) sont étudiés dans le projet ANR "EqualHealth", qui fait suite au projet ANR "WorkLife". D’autre part, des travaux s'intéressent aux mobilités post-covid de populations qualifiées et analysent leurs effets sur la vie professionnelle et l’organisation domestique. From working time conditions to family dynamics Some research analyzes the links between temporal transformations at work, flexibility and the organization of the private sphere. They focus on two types of emerging processes. On the one hand, the ANR “EqualHealth” project, which follows on from the ANR “WorkLife” project, is looking at the increasing prevalence of nonstandard work schedules (late evenings, nights, weekends, etc.). They analyze their impacts on family dynamics (parenthood, partnership) and mental health from a gender perspective. On the other hand, some research focuses on the post-covid mobility of educated populations and analyzes their effects on the organization of work and domestic life. Dans et autour du logement : les pratiques d’adaptation aux enjeux environnementaux Face à l’intensification des crises (logement, énergie, climat), de nouvelles recherches documentent la manière dont les choix résidentiels, les usages du logement et les relations familiales sont affectés : sortie du parc conventionnel et habitats « alternatifs » ; enquête expérimentale sur les conditions de vie et l’environnement, en partenariat avec l’Insee ; gestion des budgets et précarités domestiques. Le projet ENVER "Energie et Verdissement du logement", financé par l'ADEME (2025-2027), permettra ainsi de mieux connaître le rôle du genre dans les décisions de rénovation énergétique des logements et d'analyser la sensibilité au risque environnemental des ménages. Ces recherches sont amenées à se renforcer dans les prochaines années grâce à de nouveaux partenariats, et à la collecte et à la production de nouvelles données. Elles s’inscrivent dans le séminaire Population&Environnement de l’Ined, créé en 2023. In and around the home: adapting to environmental and climate challenges In the face of intensifying crises (housing, energy, climate), new research is documenting how residential choices, housing uses and family relationships are affected. These include the transition from conventional to “alternative” housing; household budget management and precariousness; and an experimental survey on living conditions and the environment, in partnership with INSEE. Moreover, the ENVER “Energie et Verdissement du logement” project (2025-2027), financed by ADEME, The French Agency for Ecological Transition, aims to better understand of the role of gender in home energy renovation decisions, and household sensitivity to environmental risk. New partnerships and the collection of new data will enrich this research work, which is part of Ined's Population&Environment seminar.
Ces travaux s’appuient sur de multiples sources et données pour répondre à des enjeux de connaissance de populations spécifiques, vulnérables et/ou peu accessibles. Certaines recherches collectent ainsi de manière ad hoc des entretiens biographiques et réalisent des observations in situ (à la rue, en prison, dans les logements, etc.). D’autres s’appuient sur des enquêtes de la statistique publique (Conditions de travail, Sans Domicile, Logement, Conditions de vie et Environnement) qu’elles contribuent à enrichir et faire évoluer par leurs réflexions théoriques et leurs apports empiriques. Certaines recherches mobilisent enfin des sources et registres administratifs visant à éclairer les trajectoires de placement et à saisir l’intrication entre les dimensions intimes et institutionnelles de l’existence. Ensembles, ces données qualitatives et quantitatives permettent d’éclairer les différentes facettes des inégalités (entre ménages, au sein des ménages) et d’enrichir la compréhension des mécanismes à l’œuvre.