Le genre n’est pas une simple variable explicative. Il traduit un principe de différenciation des sexes et d'hiérarchisation entre les femmes et les hommes. L’objet de cet axe de recherche est d’aborder la construction biographique du genre, c’est-à-dire la manière dont il se produit au fil de la vie. Le genre est un élément structurant dans la socialisation primaire, enraciné dans les inégalités structurelles entre les sexes, mais aussi un facteur structuré et élaboré par les interactions et les expériences vécues dans les moments-clés de la vie humaine. Loin d’être immuables, les rapports de genre s’élaborent et se renégocient dans les situations et les événements de la vie, c’est-à-dire la socialisation secondaire, ce qui peut conduire à une relecture de la socialisation primaire. Les expériences très différenciées de l’âge et du déroulement de la vie qu’ont les femmes et les hommes produisent des rapports individuels à l’âge, des âges subjectifs, qui sont un indicateur puissant de la persistance et de l’intériorisation des inégalités sociales de genre.
Si le genre est un rapport social sans cesse activé, rappelé et renégocié au fil de la vie, il importe donc de l’étudier en situation. Une approche heuristique consiste à saisir les rapports sociaux de sexe à partir des moments de transition, moments de tension ou des situations critiques. L’hypothèse est que si le genre structure la vie ordinaire, il est rappelé avec une force particulière à certains moments de la vie (puberté, entrée dans la sexualité, formation du couple, arrivée du premier enfant, séparation, fin de la vie active…) et dans des conditions « extraordinaires » (célibat prolongé, grande précarité économique, chômage, détérioration de la santé, demande d’aide d’enfants adultes ou de parents âgés…). L’observation de ces moments particuliers, qui peuvent être des moments de réorganisation ou de tension matérielle ou temporelle, a ainsi un intérêt particulier pour l’étude du genre.