Séminaire Inégalités du Département des Prix à la Consommation, des Ressources et des Conditions de Vie des Ménages
Nathalie Blanpain et Xavier Niel (INSEE), France Meslé et Jacques Vallin (INED) présenteront une communication intitulée : ’les inégalités démographiques : espérance de vie, mortalité infantile, conjugalité et fécondité’.
Cette séance du séminaire sera consacrée aux inégalités
d’espérance de vie, de mortalité infantile, de conjugalité et de
fécondité.
La première partie examinera plus particulièrement
l’augmentation de l’espérance de vie (par sexe, par catégorie
sociale et en combinant ces deux facteurs), l’arrêt de la baisse de
la mortalité infantile et ses relations possibles avec
l’augmentation de la précarité, l’effet des différences sociales
sur la vie en couple et le nombre d’enfants.
La deuxième partie traitera plus en détail des différences
d’espérance de vie entre les sexes et s’interrogera sur le
caractère inéluctable de cette réduction. En effet, au XXe siècle,
la mortalité des femmes a reculé plus rapidement que celle des
hommes, l’écart d’espérance de vie entre les sexes atteignant ainsi
8,2 ans en France au début des années 1980. Les raisons de
l’avantage féminin ont été largement débattues : avantage
biologique, comportements plus favorables à la santé, rapport plus
facile à la médecine. Depuis trois décennies toutefois cet avantage
a commencé à se réduire, dans les pays anglo-saxons et nordiques,
tout d’abord, et plus récemment en France ou dans les pays
méditerranéens.Malgré cette réduction des écarts d’espérance de vie
à la naissance, en France la mortalité féminine continue à
décroître plus rapidement que la mortalité masculine aux âges les
plus élevés. Quelles sont les causes de décès à l’origine de cette
augmentation de la surmortalité masculine aux grands âges ? Le
phénomène est-il le même dans d’autres pays comme le Japon ou les
États-Unis ? L’observation des similarités ou des différences
peut-elle nous aider à prévoir les évolutions futures ?
Enfin, l’inégalité d’espérance de vie à travers le monde est plus
grande que jamais. Où est la fameuse convergence vers les meilleurs
niveaux que nous promettait le slogan de l’OMS « la santé pour
tous en l’an 2000 » ? La « transition
sanitaire » n’est pas un long fleuve tranquille. Elle
superpose en fait plusieurs vagues de progrès qui remettent à
chaque fois en cause le principe même de convergence générale.
Chacune de ces vagues correspond à la mise en place de nouvelles
voies de lutte contre la maladie et la mort dont certaines
populations sont à même de tirer profit immédiatement tandis que
les autres restent à la traîne avant d’accéder aux conditions leur
permettant de rattraper leur retard. C’est le fait qu’à tout moment
une nouvelle vague de progrès peut surgir avant même que la
précédente ait produit tous ses effets qui rend la convergence
illusoire.