Territorial dynamics and reconfiguration of public and private solidarity

This Research Project focuses on the relationship between public and private forms of solidarity and territorial dynamics, with a strong questioning of the inequalities that result and the power dynamics that emerge.
Our hypothesis is that the forms of public action and family solidarity are anchored, deployed and evolve in heterogeneous and shifting territories, which shape them at the same time as they are shaped by them. More precisely, the aim is to study both how public action meets the needs of populations by taking account of territorial specificities, and how populations (individuals and families) reappropriate these spaces, focusing on individual, family, political and territorial mobilities.

Notre hypothèse consiste à dire que les formes de l’action publique et les solidarités familiales s’ancrent, se déploient et évoluent dans des territoires hétérogènes et mouvants qui les façonnent en même temps qu’ils sont façonnés par elles. Il s’agit plus précisément d’étudier à la fois comment l’action publique tient compte des spécificités territoriales pour répondre aux besoins des populations et comment les populations (les individus et les familles) se réapproprient ces espaces, en mettant l’accent sur les mobilités individuelles, familiales, politiques et territoriales.

L’objet de cet axe est aussi de rendre compte et de questionner le territoire dans toute sa complexité, à la fois comme découpage administratif, comme espace étatique et comme espace socialisé, approprié par les habitants, mais aussi comme espace de pouvoir. Cet axe se donne plus généralement pour ambition de rendre compte des transformations contemporaines des formes de solidarité en lien avec leur ancrage territorial. Il s’agira de comprendre comment famille et politiques s’inscrivent dans un territoire donné (historiquement, géographiquement, etc.) mais aussi comment ils le transcendent pour le renouveler. Il s’agit à la fois de :

- catégoriser les territoires de l’action publique, il s’agit d’approcher la question des inégalités sociales et territoriales par le biais des institutions. Il s’agit de comprendre, à l’échelle nationale et internationale, en quels termes (concepts, définitions, catégories, vocabulaire, interprétations) on pense aujourd´hui le racisme et la discrimination, en lien avec la production des inégalités.
- explorer les inégalités territoriales de l’action publique : confrontés à la faible capacité des politiques sociales nationales et supranationales à faire face au renouvellement des besoins sociaux (chômage, précarité, pauvreté, vieillissement, etc.), les échelons territoriaux (régions, départements, communes etc.) tendent à être considérés comme les territoires pertinents de redéploiement des interventions sociales. Ce « retour du local » dans la mise en œuvre des politiques sociales à destination de populations vulnérables, en Europe mais aussi outre Atlantique, est encore insuffisamment étudié.
- renouveler une approche dynamique des territoires et de l’action publique.

Les travaux ici se concentrent sur :

- les politiques de prise en charge des personnes âgées, une comparaison Franco-québécoise (projet ANR PASOLO)
- les politiques publiques dans les espaces insulaires et archipélagiques (Polynésie française – projet ANR ATOLLs : https://polynesie.site.ined.fr/fr/ANR-ATOLLs/)
- les Régimes d’autonomie dans le soin de longue durée en France, Allemagne, Canada, Royaume-Uni et au Japon (Projet PPR Aurelia : https://aurelia.site.ined.fr/)

Dans cette optique, cet axe s’appuie sur des travaux empiriques dans des territoires divers : rural/urbain/insulaire, de taille variable, implantés dans des contextes sociaux et politiques différents (avec notamment une ouverture à la comparaison internationale) pour permettre de réfléchir aux catégorisations de l’action publique, en particulier celle des territoires pertinents de cette dernière mais aussi à la façon dont ces derniers sont perçus et réappropriés par les populations. D’un point de vue méthodologique, il s’agit d’articuler des approches qualitatives et quantitatives, en privilégiant une approche multi-scalaire, permettant de caractériser ces territoires, en mettant en évidence leur variété (territoire de la famille, territoire du groupe, territoire de la nation), de rendre compte de leurs dynamiques (avec un intérêt marqué pour les biographies territoriales) et d’analyser en quoi ils sont porteurs d’inégalités ou de rapports de pouvoirs.

Pour comprendre les effets des politiques publics dans les territoires, nous proposons également d’évaluer le rôle de l’implantation des services publics (éducation, santé, transports), des zones de développement économiques, plus généralement l’organisation territoriale soutenue par l’ensemble des politiques sur le peuplement et l’organisation du/des Cette perspective est en particulier développée dans le projet Atolls – qui porte sur un territoire spécifique archipélagique – la Polynésie française. Cette dernière qui occupe une position relais et d’interface avec d’autres espaces (l’Hexagone, la Nouvelle Calédonie, l’Asie, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Canada, etc.), conjuguée à son statut national ultra périphérique, est en effet un archétype pour comprendre l’influence des liens dans la construction du territoire. La Polynésie française est ici envisagée comme un système de peuplement réticulaire où les espaces intermédiaires n’existent pas. Il s’agit d’un espace ouvert où le réseau familial tout comme les politiques publiques permettent de franchir l’insularité. Un des objectifs du projet ANR ATOLLs est donc de s’interroger sur l’inégal accès aux services publics des populations. Quels sont les déterminants de ces inégalités ? Quels effets ces inégalités peuvent produire, selon le service et la population concernée ? Dans quelle mesure l’implantation des services est-il à l’origine de déséquilibres populationnels ? Quel rôle ces inégalités d’accès aux services publics ont dans l’explication des inégalités sociales ?

Dans le projet PPR Aurelia, on part de l’hypothèse que la définition politique de l’autonomie s’inscrit dans des contraintes propres à la mise en place de politiques dédiées, mais aussi dans une histoire fondée sur la diversité de ses usages (de l’individu, des aidants professionnels, des proches, des décideurs publics, etc.). On mobilise une analyse historique, généalogique de la notion et de sa mise en place au sein des États sociaux en se penchant sur les définitions juridiques et règlementaires, mais aussi sur l’appropriation sociale de cette notion par la société à travers les débats, films, ouvrages, événements qui ont marqué le débat public. Le projet a par ailleurs pour ambition d’analyser les conditions et effets de l’opérationnalisation de cette notion. Outre la traduction de cette notion dans des catégories administratives, que nous appréhenderons à partir de l’étude d’instruments d’action publique (comme des outils d’évaluation de la perte d’autonomie par exemple), nous souhaitons examiner les usages de ces outils par les différents acteurs institutionnels et professionnels impliqués dans leur déploiement autour de situations individuelles. Nous analyserons les régimes d’autonomie qui émergent à différentes échelles, dans 5 cadres nationaux (France, Allemagne, Canada, Japon, Royaume-Uni).