Fiona Willis-Núñez et Vitalija Gaucaite Wittich
nous parlent du Programme Genre et Générations
Fiona Willis-Núñez et Vitaljia Gaucaite travaillent dans l’unité de la population de l’UNECE (United Nations Economic Commission for Europe). Leurs études portent sur différents sujets liés à la population, mais plus spécifiquement sur les questions de vieillissement. Elles sont aussi administratrices du programme GGP.
(Entretien réalisé en juin 2011)
Qu’est-ce le Programme Genre et Générations et quel est le rôle de l’UNECE ?
Notre unité joue un rôle moteur dans le Programme Genre et
Générations (GGP), lancé en 2000 par l’UNECE et apporte un
soutien dans la définition de l’intérêt politique des enquêtes.
Le soutien intergouvernemental a été crucial pour le lancement de
ce programme. Comme les Enquêtes Fécondité et Famille des
années 90, GGP a été développé pour répondre aux attentes des
décideurs politiques, et leur fournir plus de données de
meilleure qualité leur permettant de prendre des décisions
informées.
GGP s’articule autour de deux axes : l’Enquête Genre et
Générations (GGS) et la base de données contextuelles,
coordonnés respectivement par nos collègues du Netherlands
Interdisciplinary Demographic Institute (NIDI) aux Pays Bas et du
Max Plank Institute for Demographic Research en Allemagne. Les
enquêtes conduites dans chaque pays participant fournissent des
données individuelles comparables sur les changements
démographiques et les facteurs qui les sous-tendent. Le
questionnaire est centré sur la description et l’explication de la
dynamique de la construction de la famille. Une attention
particulière est donnée à l’étude des relations parents/enfants
(entre générations) et entre partenaires (relations de genre). La
base de données contextuelle, développée en parallèle, collecte
des informations sur les politiques et les contextes économiques
et sociaux au niveau national et régional dans les pays
participants.
Comment l’Unité de la Population et l’Ined collaborent-ils ?
L’Ined et la PAU de l’UNECE collaborent de longue date. Avec l’INSEE, l’Ined est impliqué dans la mise en œuvre des Enquêtes Fécondité et Famille en France depuis 1994. L’Ined est également un partenaire clé de GGP depuis son lancement en 2000, en tant que membre du consortium de douze organismes qui participaient à la planification et à la coordination du programme. De fait, non seulement l’Ined est le maître d’œuvre des enquêtes en France (sous le nom français de ERFI, Étude des Relations Familiales et Intergénérationnelles, dirigée par Arnaud Régnier-Loillier), mais les représentants de l’Ined participent à la planification stratégique des orientations du programme et à la réflexion sur son design et les instruments de l’enquête. Avec des représentants dans le Groupe de Travail international de GGP (Ariane Pailhé et Olivier Thévenon) et dans le Consortium de GGP (par le biais de la Directrice de l’Ined, Chantal Cases), l’Ined est un contributeur de poids au programme. De plus, depuis 2009, le service des enquêtes de l’Ined assure l’archivage et la mise en ligne des micro-données des enquêtes GGS. L’Ined est responsable de l’hébergement des données et gère l’interface Nesstar qui permet d’y accéder et d’effectuer des tabulations et des analyses en ligne sans avoir besoin de télécharger les données et de travailler avec les fichiers entiers.
Quels en sont les principaux résultats ?
A l’heure actuelle, il est possible d’accéder aux
micro-données GGS de 11 pays : Autriche, Bulgarie, Estonie,
France, Géorgie, Allemagne (ainsi qu’à un sous-échantillon sur
la population Turque en Allemagne), Hongrie, Pays-Bas, Norvège,
Roumanie et Fédération de Russie. Tous ces pays ont conduit une
première vague d’enquête entre 2001 et 2008. Cinq autres pays ont
également réalisé la première vague de l’enquête (l’Australie,
la Belgique, l’Italie, la Lituanie et la Pologne). Les données de
la vague 2 ont été collectées dans neuf de ces pays. Le
processus d’harmonisation des données est en cours et les données
devraient être bientôt disponibles. Quant à la vague 3, seuls
quelques pays l’ont réalisée pour l’instant. Ces données
longitudinales constituent une excellente opportunité d’analyses
originales, même si l’accès aux données prendra encore un peu de
temps.
Déjà, la liste des articles, documents de travail, thèses,
rapports techniques et autres documents réalisés à partir des
données des enquêtes GGS comporte plus de 500 références,
disponibles sur ce même site. Elle couvre une grande variété de
thématiques : beaucoup d’entre elles explorent les principaux
questionnements sur les enjeux démographiques actuels, tels que
les relations intergénérationnelles, la fécondité, le mariage
et la cohabitation ; d’autres abordent les aspects méthodologiques
ou théoriques que l’enquête comparée sur un large échantillon
rend possible.