Christelle Hamel et Mathieu Trachman
nous parlent de l’enquête sur les modes de vie, la santé et les situations d’insécurité des LGBT.
Chercheur-e-s à l’Ined, sociologues, spécialistes des question de genre et de sexualité, Christelle Hamel et Mathieu Trachman supervisent l’enquête de l’Ined sur les modes de vie, la santé et les situations d’insécurité des LGBT.
(Entretien réalisé en novembre 2015)
En quoi consiste cette enquête ?
L’Ined a réalisé cette année une enquête quantitative sur les modes de vies, la santé et les situations d’insécurité des personnes en France. Celle-ci a été menée auprès de 27 000 femmes et hommes, âgé-e-s de 20 à 69 ans. Pour augmenter le nombre de répondant-e-s parmi les lesbiennes, gais, bi et trans, un dispositif spécifique par internet a été mis en place afin de compléter les informations recueillies auprès de la population générale. Les LGBT consultant les sites internet (de rencontre, d’associations, d’informations pour les LGBT), les événements et les lieux de rencontres LGBT sont invitées à répondre à l’enquête sur la base du volontariat.
Qui est concerné ?
L’enquête concerne toutes les personnes LGBT âgées de 18 ans et plus. (pour des raisons juridiques, nous n’avons pas le droit d’interroger les mineurs). Toutes les situations doivent être prises en compte pour refléter la diversité des LGBT : les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes, toute personne se définissant comme lesbienne, gay, bisexuelle, et/ou trans. Pour la richesse et la qualité des résultats, la participation de toutes et de tous est donc importante.
Sur quoi porte le questionnaire ?
Le questionnaire comprend plusieurs parties. Plusieurs questions concernent les modes de vie. Comment vivent les personnes LGBT ? Quelles sont leurs trajectoires conjugales et professionnelles ? Quels rapports entretiennent-elles avec leur famille, leurs collègues de travail ? C’est un aspect important, car les enquêtes sur les LGBT ont souvent pour point d’entrée la santé sexuelle ou les discriminations, et passent souvent sous silence les aspects plus ordinaires de la vie des LGBT.
Cela étant, l’enquête permet également de comprendre les expériences spécifiques auxquelles les LGBT sont confronté.e.s, du point de vue de la santé et des LGBTphobies en particulier : on demande par exemple l’âge de prise de conscience de l’attirance pour le même sexe, l’âge du coming out auprès des membres de la famille et de l’entourage, ainsi qu’auprès des collègues de travail, et les réactions positives ou négatives. Une partie dédiée aux personnes trans permet de déclarer quelques éléments sur leur parcours de transition et met ainsi en lumière les expériences spécifiques qui y sont liées.
Enfin le questionnaire enregistre les différentes formes d’agression qui créent des situations d’insécurité et de vulnérabilité pour les LGBT. Les débats autour du mariage pour toutes et tous ont abouti à une avancée des droits, ils ont aussi favorisé une recrudescence des LGBTphobies. Celles-ci relèvent souvent de rappels à l’ordre plus ou moins explicites qui contribuent à maintenir les LGBT dans une situation d’anormalité. Si les rapports annuels de SOS homophobie donnent une idée de l’ampleur de ces violences, les enquêtes représentatives en population générale n’existent pas en France. Notre enquête de l’Ined vise à combler ce manque.
Comment répondre à l’enquête ?
Un site spécifique donne des informations sur l’enquête et permet de répondre au questionnaire. L’enquête est relayée par de nombreuses associations et sites LGBT, sans le soutien desquelles elle ne serait pas possible.
Le questionnaire dure environ 40 minutes. Cette durée peut paraître un peu longue, mais elle est essentielle pour recueillir avec précision les informations nécessaires et assurer la qualité scientifique de l’enquête. Le questionnaire peut être rempli en plusieurs fois, par l’utilisation d’un mot de passe, qui garantit par ailleurs la confidentialité des réponses apportées.