Carlo-Giovanni Camarda, Arianna Caporali et Iris Hourani
Carlo-Giovanni Camarda, chargé de recherche, Arianna Caporali, ingénieure de recherche, et Iris Hourani, chargée d’études à l’Ined, ont répondu à nos questions sur la base internationale de données sur la longévité ou International Database on Longevity (IDL).
(Entretien réalisé en juin 2022)
En quoi consiste la base de données International Database on Longevity (IDL), base internationale de données sur la longévité ?
La base de données IDL résulte d’un projet coopératif qui a débuté dans les années 2000, entre différents instituts de recherche et chercheurs internationaux. Elle a vu le jour en 2010 sous la direction scientifique du Max Planck Institute for Demographic Research (MPIDR), de l’Ined et de l’Inserm. IDL rassemble des données individuelles, vérifiées et validées par des scientifiques, de personnes décédées semi-supercentenaires – entre 105 et 109 ans – et de personnes décédées supercentenaires – âgées de 110 ans et plus. Pour les semi-supercentenaires, les vérifications varient selon les pays ; en France, par exemple, les chercheurs procèdent à des vérifications par échantillon. Quant aux supercentenaires, les certificats de naissance et de décès de chaque individu, quel que soit le pays, font l’objet d’une vérification systématique.
Quels sont les objectifs de cette base de données ?
La base internationale de données sur la longévité vise à en savoir plus sur la longévité, ses limites, mais aussi à étudier les facteurs qui ont modifié au fil des ans la trajectoire de mortalité. La diminution de la mortalité aux âges avancés et l’apparition des supercentenaires sont en effet un phénomène assez récent qui suscite l’intérêt de la communauté scientifique depuis 20-30 ans. Il est important d’étudier cette population désormais plus nombreuse.
De combien de pays la base IDL rassemble-t-elle les données ? Quelles sont les informations collectées sur les semi et supercentenaires ? Combien d’individus sont concernés ?
Des informations sur les supercentenaires décédés dans 13 pays figurent actuellement sur la base de données IDL. Les 13 pays sont les suivants : l’Allemagne, l’Angleterre et le Pays de Galles, l’Autriche, la Belgique, la province canadienne du Québec, le Danemark, l’Espagne, les États-Unis, la Finlande, la France, le Japon, la Norvège et la Suède. Pour ces mêmes pays, à l’exception de la Finlande, de la Suède, de l’Espagne et du Japon, IDL rassemble également les données sur les semi-supercentenaires.
Pour les 18959 individus qui sont actuellement recensés, on trouve des informations – déterminées en adéquation avec les législations des différents pays et anonymisées avant publication - sur le sexe, la date de naissance, la date de décès, l’âge révolu en années lors du décès, les localités de naissance et de décès lorsqu’elles sont disponibles, ou encore le type de validation réalisé.
Qu’apporte la nouvelle version de la base de données lancée fin mai par l’Ined ?
Dans cette nouvelle version de la base de données lancée fin mai par l’Ined, les données de certains pays (l’Angleterre et le Pays de Galles, la Belgique et la France) ont été mises à jour. Par ailleurs, la base de données s’est dotée d’un outil de data visualisation qui permet de générer un aperçu des données, alors que celles-ci étaient auparavant uniquement téléchargeables.
IDL est une base de données qui s’inscrit dans le cadre de la politique de science ouverte. Les données peuvent être utilisées par tous chercheurs, après enregistrement sur le site. L’équipe qui travaille sur IDL a mis à disposition les scripts contenant les algorithmes de calculs de certaines variables (notamment l’âge révolu), afin d’apporter des éléments d’explication des différentes données et d’en faciliter l’utilisation.
Dans le futur, l’équipe compte élargir la couverture géographique de la base de données, en incluant des données agrégées, bien que rigoureusement validées, pour un plus grand nombre de pays.