Une baisse du nombre d’IVG en France après le premier confinement
Après une augmentation du recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) de 2016 à 2019, une diminution des IVG a été observée en 2020. Sur l’année, un peu plus de 220 000 IVG ont été pratiquées en France – dont 207 000 sur l’Hexagone –, contre plus de 230 000 en 2019, ce qui équivaut à une baisse de 4 %. Cette baisse est en lien direct avec la crise sanitaire : alors que le nombre total d’IVG en janvier, février et pendant la première quinzaine de mars restait similaire, voire légèrement plus élevé que celui observé au même moment en 2019, il a baissé par la suite, en particulier après le confinement strict de mars-avril 2020, soit en mai-juin. On a observé une reprise en juillet, août et septembre, puis une stabilisation en fin d’année à un niveau moindre que celui observé les années précédentes.
La diminution des IVG a principalement concerné les femmes de moins de 30 ans (près de 80% de la baisse des IVG a eu lieu avant l’âge de 30 ans) et les IVG pratiquées en milieu hospitalier. Les femmes âgées de plus de 38 ans ont eu en 2020 un taux de recours à l’IVG relativement similaire à celui observé en 2019.
Une baisse des IVG associée à une diminution des grossesses
Parallèlement à la diminution du nombre d’IVG, une baisse de la natalité a été observée fin 2020-début 2021. Ce nombre moins important de grossesses chez les jeunes femmes s’explique par différents facteurs : projets de parentalité différés, éloignement géographique des partenaires (surtout les plus jeunes, confinés dans leur famille), surcharge d’activités du fait de la forte mobilisation des femmes dans les métiers de soins et/ou dans la garde des enfants en bas âge du fait de la fermeture des écoles et crèches, forte incertitude quant à l’avenir en raison de la crise sanitaire et sociale, etc. La diminution du nombre total de grossesses, d’IVG et de naissances semble donc correspondre à une baisse des conceptions, avant tout chez les plus jeunes, et pendant le premier confinement strict.
Augmentation des IVG médicamenteuses réalisées en ville
En 2020, un quart des IVG ont été réalisées de manière chirurgicale, quasi exclusivement dans les hôpitaux publics. Près de 75 % des IVG ont été réalisées par voie médicamenteuse, et 41 % de ces IVG médicamenteuses l’ont été en ville.
La baisse des IVG a surtout été observée en milieu hospitalier, pour les IVG chirurgicales et, dans une moindre mesure, pour les IVG médicamenteuses. Les IVG réalisées par la médecine de ville ont quant à elles été plus nombreuses en 2020 qu’en 2019, malgré une légère baisse observée après le premier confinement. Le recours de plus en plus fréquent, année après année, à l’IVG médicamenteuse en ville a été amplifié par la crise sanitaire, par l’extension du délai légal (à partir de mi-avril) qui est passé de 7 à 9 semaines d’aménorrhée (comme c’était déjà le cas à l’hôpital) et par l’autorisation de la téléconsultation.
Baisse du recours au secteur privé hospitalier et augmentation du recours aux sages-femmes libérales
Si de nombreux acteurs (personnels hospitaliers, médecins, sages-femmes, associations) se sont mobilisés durant la crise sanitaire pour préserver la prise en charge des IVG, les établissements privés ont peu pratiqué ce soin. En 2020, moins de 12 000 IVG ont été réalisées dans des établissements privés.
Les sages-femmes ont réalisé en 2020 près de 18 000 IVG, ce qui représente désormais un quart des IVG pratiquées en ville.
Source : Didier Breton, Nicolas Belliot, Magali Barbieri, Hippolyte d’Albis, Magali Mazuy, 2021, L’évolution démographique récente de la France : Moins de naissances, de mariages et de migrations, plus de décès... la Covid-19 bouleverse la dynamique de la population française, Population 2021-4.
Contacts : Didier Breton, Nicolas Belliot, Magali Barbieri, Hippolyte d’Albis, Magali Mazuy
Mise en ligne : février 2022