La population mondiale va-t-elle continuer à augmenter, stagner ou décroître ?
La population mondiale compte près de 8 milliards d’habitants en 2020. Elle n’en comptait qu’un milliard en 1800 et et a doublé au cours des cinquante dernières années (4 milliards en 1974). Elle devrait continuer à croître et pourrait atteindre près de 10 milliards en 2050. Pourquoi la croissance devrait-elle se poursuivre ? La stabilisation est-elle envisageable à terme ? Une décroissance serait-elle possible dans les prochaines décennies ? Dans toutes les projections, la part de la présence française et européenne diminue dans la population mondiale.
Pourquoi la population mondiale augmente-t-elle rapidement ?
Si la population mondiale continue d’augmenter, c’est en raison de l’excédent des naissances sur les décès – les premières sont près de trois fois plus nombreuses que les seconds. La croissance démographique décélère pourtant : ayant atteint un maximum de plus de 2 % par an il y a cinquante ans, elle a diminué de moitié depuis (1,1 % en 2020). Elle devrait continuer de baisser jusqu’à la quasi-stabilisation de la population mondiale autour de 10 à 11 milliards d’habitants dans un siècle.
L’inertie démographique Les chiffres pour 2050 ou 2100 sont des projections et l’avenir n’est évidemment pas écrit. Il reste que les projections démographiques sont relativement sûres lorsqu’il s’agit d’annoncer l’effectif de la population à court terme, c’est-à-dire pour un démographe, les dix, vingt ou trente prochaines années. La majorité des hommes et des femmes qui vivront en 2050 sont déjà nés, on connaît leur nombre et on peut estimer sans trop d’erreurs la part des humains d’aujourd’hui qui ne seront plus en vie. Concernant les nouveau-nés qui viendront s’ajouter, leur nombre peut également être estimé car les femmes qui mettront au monde des enfants dans les 20 prochaines années sont déjà nées, on connaît leur effectif et on peut faire également une hypothèse sur leur nombre d’enfants, là aussi sans trop d’erreurs. La diminution de la population mondiale, prônée par certains, est impossible à court terme. Comment l’obtenir ? Par une baisse drastique de la fécondité et son maintien à un niveau très inférieur au seuil de remplacement (2,1 enfants) pendant longtemps. C’est déjà ce qui se passe dans une grande partie du monde, les humains ayant fait le choix d’avoir peu d’enfants tout en leur assurant une vie longue et de qualité. Mais il n’en résulte pas tout de suite une diminution de la population en raison de l’inertie démographique : même si la fécondité mondiale n’était que de 1,6 enfant par femme, comme en Europe ou en Chine, la population continuerait d’augmenter pendant encore quelques décennies. La population comprend en effet encore beaucoup d’adultes en âge d’avoir des enfants, nés lorsque la fécondité était encore forte, ce qui entraîne un nombre élevé de naissances. Les personnes âgées ou très âgées sont en revanche peu nombreuses à l’échelle mondiale ; la mortalité se concentrant de plus en plus partout aux âges élevés, le nombre de décès est faible. Référence : Pison Gilles, 2019, « Tous les pays du monde (2019) », Population & Sociétés, n°569 |
D’où vient la décélération de la croissance ?
La décélération de la croissance tient à la diminution de la fécondité, 2,4 enfants en moyenne par femme dans le monde en 2020, contre plus du double (5 enfants) en 1950. Parmi les régions du monde où la fécondité est encore élevée (supérieure à trois enfants), on trouve en 2020 presque toute l’Afrique et les régions allant de l’Afghanistan jusqu’au Nord de l’Inde en passant par le Pakistan. C’est dans ces régions que se situera l’essentiel de la croissance démographique future.
Plus d’un humain sur trois en Afrique en 2100 ?
L’une des grandes évolutions à venir est l’accroissement important de la population de l’Afrique qui, Afrique du Nord comprise, pourrait quadrupler d’ici un siècle, passant d’un milliard d’habitants en 2010 à probablement 2,5 milliards en 2050 et plus de 4 en 2100, ceci malgré l’épidémie de sida. Alors qu’un humain sur six vit aujourd’hui en Afrique, ce sera probablement plus d’un sur trois dans un siècle.
Avec son demi-milliard d’habitants (513 millions en 2020), l’Union européenne à 28 (UE28) abrite un humain sur quinze (7 %), et devrait en abriter un sur vingt (5 %) en 2050. La France, avec ses 67 millions d’habitants, en abrite un peu moins d’un pour cent (0,9 %), et devrait en abriter encore un peu moins (0,8 %) en 2050.
Source : Gilles Pison et Sandrine Dauphin, 2019, Enjeux et perspectives démographiques en France 2020-2050. Un état des connaissances. Document de travail, Ined éditions.
Contacts : Gilles Pison, Sandrine Dauphin
Mise en ligne : novembre 2021