Parcours d’étudiants - Sources, enjeux, et perspectives de recherche
Le nombre d’étudiants en France dépasse les 2,6 millions. Dans un contexte de massification et de réformes successives, l’éducation, l’avenir professionnel et les conditions de vie des étudiants sont des enjeux importants qui nécessitent des analyses précises. L’étude des liens entre conditions de vie, entrée dans la vie adulte et parcours étudiants est primordiale.
Un ouvrage original sur les étudiants
Cet ouvrage propose un panorama des différentes méthodes d’analyse des parcours étudiants, résultats et comparaisons à l’appui. Il se distingue d’autres ouvrages sur le sujet par la diversité des sources et des approches et aborde des thématiques multiples. L’entrée dans la vie adulte, la mise en couple, la parentalité, le départ du foyer parental, la mobilité interne et internationale, le projet professionnel, les conditions matérielles et financières, la transition entre la fin des études et l’entrée sur le marché du travail, autant d’aspects qu’il convient de prendre en compte pour analyser la complexité des parcours et le devenir étudiant.
L’autre originalité de cet ouvrage est d’avoir mobilisé des chercheurs venant non seulement de disciplines différentes (démographie, sociologie, sciences de l’éducation, sciences économiques, géographie, statistiques), mais aussi d’institutions différentes.
Analyser les trajectoires de formation et les mobilités
En mobilisant les méthodes de l’analyse des séquences, sont mesurées dans le chapitre 3 les trajectoires de formation des étudiants en Île-de-France. Si les trajectoires restreintes à une seule université sont prépondérantes, les étudiants inscrits à Paris sont socialement plus favorisés que ceux inscrits en banlieue (45 % contre 18 %). En revanche, les trajectoires de sorties de l’université sont le fait d’étudiants socialement défavorisés. Le chapitre 12 utilise les données SISE (Système d’information sur le suivi de l’étudiant) de la DEPP (Direction des études, de la prospective et de la performance), pour mesurer les mobilités géographiques des étudiants au sein du territoire français. Les résultats montrent les hiérarchies, réseaux et mobilités entre universités. Le chapitre 4 s’intéresse aux trajectoires des étudiants de l’université de Ouagadougou dont le suivi s’arrête dès qu’un étudiant poursuit des études supérieures dans un autre établissement, mais qui apporte des données comparatives avec les universités françaises. Enfin, le chapitre 13 interroge l’(im)mobilité des étudiants. En effet, la part des étudiants en mobilité à l’international est relativement faible et concerne majoritairement une population sélectionnée socialement.
Étudier et devenir adulte : spécificités et inégalités
Les étudiants français se distinguent des autres étudiants européens (chapitre 10). Ils ont une autonomie résidentielle plus forte, derrière les pays de l’Europe du Nord et germanophones, mais quittent beaucoup plus fréquemment que partout ailleurs le foyer parental pour vivre seul (25 %) mais sont près de deux fois moins nombreux à partir pour vivre en couple avec ou sans enfant(s) : 4,5 % sont parents et cette proportion est stable depuis 10 ans (chapitre 8). Si certains parents ont eu leurs enfants avant de reprendre des études, les grossesses en cours d’études sont majoritairement non désirées (chapitre 9). Ces étudiants parents rencontrent plus de difficultés dans leur parcours de formation et réussissent moins bien.
Enfin, les inégalités de revenus créent de nouvelles lignes de fracture. Le montant et l’origine des ressources, qui varient selon les caractéristiques sociales des étudiants, affectent le déroulement des études et la réussite dans l’enseignement supérieur, mais aussi l’entrée dans la vie adulte (chapitre 1 et 7). Cette analyse des conditions de vie des étudiants est approfondie et enrichie par les enquêtes locales menées dans les universités (chapitre 2).
Des parcours à l’international
En plus des chapitres sur l’Université de Ouagadougou et sur la décohabitation des jeunes européens, des travaux s’intéressent à l’apport des enquêtes Eurostudent, Cheers et Reflexe sur la connaissance des parcours d’étudiants à l’échelle européenne (chapitre 6) et aux flux et contre-flux internationaux des étudiants en mobilité et la place prépondérante de la Chine (chapitre 11).
L’entrée sur le marché du travail
Le phénomène de déclassement des diplômés du supérieur sur le marché du travail (1 jeune sur 3) a eu aussi un impact sur l’éventail des filières proposées et les choix des étudiants. Ainsi, avec la dégradation des conditions d’entrée sur le marché du travail, les contenus et l’organisation des études se sont professionnalisés (12 % des sortants de l’enseignement supérieur en 2010 ont opté pour ce type de formation, quasi inexistant au début des années 2000), et les missions d’insertion et d’orientation des universités ont été renforcées (Chapitre 5). La France se situe dans une position intermédiaire dans le classement des pays de l’Union européenne (Chapitre 6).
Source : Cordazzo P. (dir.), 2019. Parcours d’étudiants. Sources, enjeux et perspectives de recherche. Ined éditions
Contact : Philippe Cordazzo
Mise en ligne : septembre 2019