La mortalité des immigrés en France
Le projet sur la « Mortalité des immigrés en France » s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre l’Ined et le Population Studies Center de l’Université de Pennsylvanie (Penn) aux États-Unis et bénéficie d’un financement des National Institutes of Health (NIH) pour la période 2015-2019.
Dans la majorité des grands pays d’immigration à travers le monde, la mortalité des personnes nées à l’étranger semble plus basse que celle de la population d’accueil, alors qu’elle devrait être logiquement plus élevée en raison des différences socioéconomiques. Plusieurs hypothèses ont été avancées, dont celle du rôle de phénomènes de sélection liés à la santé (immigration d’individus en bonne santé, émigration de retour d’individus en mauvaise santé). D’autre part, les difficultés méthodologiques de mesure de la mortalité de ces populations très mobiles fragilisent les estimations obtenues à ce jour.
Ce projet s’appuie sur plusieurs sources de données, en provenance de l’Insee (Échantillon démographique permanent et Échantillon longitudinal de mortalité tiré du recensement de 1999) et de la Cnav (échantillons spécialement constitués pour cette étude). Des analyses inédites de mortalité différentielle sont en cours, dont une analyse de la mortalité des immigrés percevant une pension de retraite de la Cnav, en France et hors de France, et une analyse de la mortalité des enfants d’immigrés. Le travail permettra d’apprécier le rôle des biais d’observation dans le paradoxe de la sous-mortalité des immigrés et le rôle de l’état de santé comme déterminant des migrations de retour.
Le responsable du projet auprès des NIH est Michel Guillot, professeur de sociologie à Penn, et Myriam Khlat, la responsable à l’Ined. Irma Elo, qui est également professeure de sociologie à Penn et a mené des travaux sur la mortalité des Hispaniques aux Etats-Unis, fait partie de l’équipe. Enfin, deux chercheurs post-doctorants travaillent sur ce projet : Matthieu Solignac et Matthew Wallace. Le premier, basé à Penn, a une excellente connaissance du contexte et des aspects méthodologiques de l’étude des populations immigrées. Le second, basé à l’Ined, a acquis dans le cadre de sa thèse portant sur la mortalité des immigrés en Angleterre et au pays de Galles une expertise extrêmement utile. Le financement par le plus grand bailleur de fonds public de la recherche scientifique aux États-Unis (NIH) a été obtenu en mettant l’accent sur le caractère unique du corpus de données françaises et la portée générale des analyses. La mobilisation des ressources et du capital scientifique des deux institutions dans le cadre du partenariat permet des synergies et offre un environnement dynamique et une ouverture internationale pour la recherche dans ce champ en plein développement.