L’évolution de la composition de la population immigrée dans les espaces ruraux et périurbains en France métropolitaine
A partir des données détaillées des recensements de la population de 1999 et 2015, Julie Fromentin, anciennement doctorante à l’Ined, a analysé l’évolution, durant cette période, de la composition de la population immigrée en France métropolitaine, dans les espaces ruraux, périurbains, ainsi que dans les petites villes. Outre les origines géographiques, sont également prises en compte les caractéristiques sociales et démographiques. Les espaces peu denses considérés dans cette étude comptent en 2015 plus de 36 millions d’habitants, dont environ deux millions d’immigrés.
Les profils de la population immigrée dans les espaces peu denses
L’âge, le fait d’être en activité ou non, de même que la taille et le type de ménage, le niveau de diplôme, mais aussi les pays de naissance et la date d’arrivée en France sont étudiés.
Julie Fromentin identifie en effet les formes principales de structuration sociodémographique de la population immigrée dans les espaces concernés et regroupe les individus par caractéristiques sociales et démographiques (immigrés âgés, retraités et non diplômés issus des anciennes vagues européennes d’immigration de travail, immigrés d’Europe du Nord et de l’Ouest, diplômés, vivant en ménage immigré, ou encore, jeunes immigrés arrivés récemment, vivant seuls et en position professionnelle défavorisée…).
Si les immigrés âgés, retraités et non diplômés, issus des anciennes vagues européennes d’immigration de travail constituent un groupe important en 1999 comme en 2015, d’autres groupes ont vu leur part largement diminuer (immigrés ouvriers ou en emploi peu qualifié, en ménage mixte et originaires d’Europe du Sud; immigrés non diplômés, inactifs, vivant en grand ménage mixte, originaires de Turquie ou d’Afrique du Nord) au profit de groupes davantage diversifiés (jeunes immigrés diplômés, arrivés récemment, vivant en famille mixte et en position professionnelle défavorisée par exemple).
Quelles dynamiques socio-spatiales de l’immigration dans les espaces peu denses ?
Dans les régions de l’Est de la France, de même qu’en Corse, on trouve, en 1999 comme en 2015, une immigration peu qualifiée et en situation précaire, en raison notamment de l’activité économique qui repose toujours principalement sur le recours à une main-d’œuvre étrangère peu qualifiée.
Dans le Nord-Est de la France, par contre, on observe un changement important dans la composition sociale de certaines zones entre 1999 et 2015, du fait du vieillissement de la population immigrée d’une part, et, de la dynamique de diversification des campagnes d’autre part.
Les campagnes franciliennes ont également connu des transformations majeures, devenant plus diversifiées socialement en 2015 ; cette évolution est liée à la métropolisation de l’agglomération parisienne, à l’essor du secteur tertiaire et aux mobilités sélectives et sortantes.
Dans l’ouest de la France, la dynamique est double : une augmentation de l’installation des retraités britanniques et hollandais entre 1999 et 2015 mais aussi une diversification des profils (immigration jeune et récente, dont une surreprésentation des jeunes diplômés).
Dans le Sud-Ouest (Dordogne et une partie du Limousin), les immigrés retraités et qualifiés d’Europe du Nord et de l’Ouest sont surreprésentés.
La situation est plus hétérogène pour une partie du Sud et du Centre de la France ; la diversification des profils des immigrés reflétant la variété de dynamiques locales.
Source : Julie Fromentin, 2022, Des configurations géographiques en mouvement : l’immigration dans les espaces peu denses français, Cybergeo: European Journal of Geography: document-1037
Mise en ligne : septembre 2023