Les enfants d’immigrés à l’école
Les qualifications scolaires jouent un rôle essentiel dans la définition du statut social des individus et la constitution des inégalités.
En analysant la scolarité des enfants d’immigrés, qui constituent près d’un quart des élèves, Mathieu Ichou apporte un éclairage sociologique nouveau sur un enjeu social fondamental.
Sur un sujet aussi saturé de discours médiatiques et politiques réducteurs, Les enfants d’immigrés à l’école propose de dépasser les fausses évidences, grâce à une approche analytique plutôt que normative. L’objectif de cet ouvrage est de décrire et d’expliquer les trajectoires scolaires des enfants d’immigrés en France en tirant avantage de matériaux empiriques quantitatifs et qualitatifs issus de plusieurs années de recherche. En moyenne, les enfants d’immigrés ont plus de difficultés scolaires que les enfants de natifs. Mais, à une vision homogénéisante et misérabiliste de la « deuxième génération » en échec scolaire généralisé, Mathieu Ichou oppose des résultats qui montrent la forte diversité des trajectoires des enfants d’immigrés et l’importance prépondérante de l’origine sociale : les moins bons résultats scolaires des enfants d’immigrés s’expliquent d’abord et avant tout par la position sociale plus défavorisée qu’occupent leurs parents.
Traditionnellement, les familles immigrées ne sont observées et étudiées qu’après être entrées sur le territoire national, en ignorant tout de leur histoire antérieure. À rebours de cette approche classique, l’ouvrage identifie le rôle essentiel des caractéristiques et expériences prémigratoires des parents immigrés pour comprendre les aspirations et ressources scolaires qu’ils transmettent à leurs enfants. Analyses statistiques et récits biographiques à l’appui, Mathieu Ichou décrit les multiples conséquences intergénérationnelles de la position sociale des parents dans leur pays d’origine sur le niveau d’éducation atteint par leurs enfants en France.
Pour finir, les résultats présentés dans cet ouvrage vont à l’encontre d’explications communes qui attribuent a priori toutes les difficultés scolaires des enfants d’immigrés à des défaillances familiales, à une culture d’origine incompatible avec l’école ou à une fratrie trop nombreuse. Le rôle de la culture des parents est ambivalent et ne peut être extrait de la structure sociale dans laquelle elle s’inscrit. Surtout, au-delà de la focalisation commune sur le rôle socialisateur des parents, l’auteur insiste sur l’influence, souvent bénéfique, des frères et sœurs plus âgés. Il identifie aussi les effets inégalitaires de la ségrégation scolaire : des processus systémiques marginalisent prioritairement les enfants d’immigrés qui sont scolarisés dans des contextes moins favorables à leur réussite.
Source : Mathieu Ichou, 2018, Les enfants d’immigrés à l’école. Inégalités scolaires du primaire à l’enseignement supérieur, Puf.
Contact : Mathieu Ichou
En ligne : septembre 2018