La démographie de la Grande Caraïbe

Qu’appelle-t-on la Grande Caraïbe ? Combien d’habitants compte-t-elle ?

La Grande Caraïbe est constituée de quarante territoires comprenant un archipel d’îles de la mer Caraïbes, dont deux territoires français (Martinique et Guadeloupe), et une zone continentale de pays d’Amérique du Sud et Amérique latine, dont un territoire français (Guyane). En 2020, sa population était estimée à 301 millions d’habitants, avec un taux de croissance annuel moyen de 1,2 % au cours des 20 dernières années. Plus de 80 % résidaient au Mexique, en Colombie, au Venezuela et au Guatemala. 

Figure 1 – Taux de croissance annuel moyen des 40 territoires de la grande caraïbe entre
2000 et 2020

Champ : 40 territoires de la Grande Caraïbe.
Source : ONU, Département des affaires économiques et sociales, Division population, révision 2024, Insee, Recensement de la population.

Une croissance démographique très variable selon les territoires

Entre 2000 et 2020, la croissance démographique a été la plus forte dans les petites îles, notamment celles poussées par un tourisme de luxe créant de nombreux emplois pourvus par une population immigrante. 

La Guyane est le 4e territoire qui a la plus forte croissance (+2,9 % par an). En revanche, la population a particulièrement baissé dans les îles Vierges américaines (-1,1 %) ainsi qu’à Porto Rico (- 0,8 %), notamment en raison de ses liens avec les États-Unis où la population émigre. Les ouragans Irma et Maria de 2017 ont aussi fait fuir des résidents. En Martinique, la population diminue également (- 0,3 %). Le recul démographique depuis 2009 est lié à un solde migratoire négatif qui n’est pas compensé pas un solde naturel faible. La population de la Guadeloupe est quant à elle stable. 

Les territoires des Caraïbes ont donc des profils démographiques variés comme le montre l’étude de l’Insee à laquelle ont participé Arnaud Régnier-Loilier et Didier Breton. Celle-ci dresse une typologie des territoires de la Grande Caraïbe en quatre groupes. 

Des territoires jeunes avec une natalité élevée

Un premier groupe rassemble 69 % de la population des Caraïbes, principalement située en Amérique latine, et caractérisé par un taux de natalité et un indice conjoncturel de fécondité (ICF) élevé. En 2020, huit de ces territoires ont un ICF supérieur au seuil du renouvellement des générations (2,1 enfants par femme), dont la Guyane, mais aussi le Guatemala, le Nicaragua, la République Dominicaine ou le Honduras. La Guyane française affiche en 2020 l’ICF le plus élevé de la Grande Caraïbe (3,8). La croissance y repose principalement sur un solde naturel excédentaire, soit un nombre de naissances supérieur à celui des décès. 

Des territoires avec une fécondité relativement faible mais une part importante de la population en âge de travailler

Ces territoires, insulaires et continentaux d’Amérique centrale et latine, regroupent 26 % de la population des Caraïbes. Malgré une proportion de personnes âgées de 25 à 59 ans relativement élevée (49 %), les taux de natalité y sont les plus faibles (13 ‰ contre 16 ‰). Depuis 2000, la part des jeunes âgés de 0 à 24 ans a diminué, notamment en Jamaïque et à Sainte-Lucie, et celle des 60 ans et plus a augmenté indiquant un vieillissement de la population en cours. 

Des territoires avec une mortalité relativement élevée en lien avec une population âgée

Ces territoires, auxquels appartiennent la Martinique et la Guadeloupe, regroupent 1 % de la population des Caraïbes. Ils affichent un taux de mortalité élevé, les îles vierges américaines enregistrant le taux le plus fort (16 ‰). Le nombre important de décès s’explique principalement par la forte proportion de personnes âgées (60 ans et plus), bien supérieure à la moyenne des Caraïbes. En 2020, l’indice de vieillissement dans ce quatrième groupe est de 1,1, soit 110 personnes âgés de 65 ans et plus pour 100 personnes de moins de 20 ans, à comparer avec un indice moyen des Caraïbes égal à 0,23. L’émigration des jeunes et le vieillissement de la population de ces territoires entraînent des soldes naturel et migratoire négatifs, conduisant à une décroissance démographique.

Haïti, entre une mortalité infantile élevée et une très faible espérance de vie

Haïti (4 % de la population des Caraïbes) se caractérise par le taux de mortalité infantile le plus élevé des Caraïbes (47 ‰, contre 27 ‰ en République Dominicaine, deuxième territoire avec le taux de mortalité infantile le plus élevé) et l’espérance de vie à la naissance la plus faible (60,7 ans pour les hommes et 67 ans pour les femmes). C’est aussi le territoire le plus jeune : en 2020, la moitié (52 %) de sa population a moins de 25 ans. Depuis 2000 plusieurs crises politiques et institutionnelles, couplées à des catastrophes naturelles répétées, ont rendu le pays particulièrement instable. L’indicateur de développement humain à Haïti est très faible (0,557), ce qui le place au 158ème rang des 192 territoires reconnus par les Nations Unies. 

Figure 2 – Situation d’appartenance démographique des territoires entre 2000 et 2020

Champ : 40 territoires de la Grande Caraïbe.
Source : ONU, Département des affaires économiques et sociales, Division population, révision 2024, Insee,
Recensement de la population, Statistique de l’état civil.

Source : Maurice Bilionière, Zinaïda Salibekyan-Rosain, Gwenaëlle Taupe, Didier Breton, Arnaud Régnier-Loilier, 2024, En 2020, les Antilles françaises et la Guyane se situent aux deux extrémités des dynamiques démographiques caribéennes

Accéder au tableau "Tous les pays du monde"

Mise en ligne : décembre 2024