Intentions de fécondité et réalisation : une comparaison entre la France et l’Italie
Une fécondité plus élevée en France qu’en Italie
La France et l’Italie sont deux pays presque opposés en Europe en termes de fécondité : la France compte en moyenne 2 enfants par femme contre 1,4 en Italie. Cette différence s’explique en partie par un report de l’arrivée du premier enfant plus accentué en Italie. À l’âge de 25 ans, 42 % des femmes en France nées entre 1960 et 1969 avaient eu un premier enfant contre 35 % en Italie.
Souhait d’avoir au moins deux enfants
Les intentions de fécondité ne sont pas identiques dans les
deux pays. En France, 43 % des personnes désirent deux enfants et
41 % trois ou plus tandis que le nombre désiré d’enfants se
concentre plus largement sur deux enfants en Italie (60 %). Mais
malgré cette différence, la référence symbolique à une famille
comptant au moins deux enfants persiste dans les deux pays, les
femmes ne souhaitant aucun enfant ou un seul étant rares, y
compris en Italie où de plus en plus de femmes n’ont pourtant
qu’un seul enfant au terme de leur vie féconde.
Moindre réalisation des intentions de fécondité en Italie
Lors d’une récente enquête commune aux deux pays (Generations
and Gender Survey), les mêmes personnes ont été interrogées à
deux reprises. Lors de la première interrogation, on leur
demandait si elles avaient l’intention d’avoir un enfant « dans
les trois prochaines années ». La seconde interrogation permet de
confronter ces intentions au fait d’avoir eu ou non un enfant dans
les trois années qui ont suivi (figure).
De manière générale, les intentions « négatives » de
fécondité ont un excellent pouvoir prédictif des comportements :
parmi les personnes déclarant ne pas du tout vouloir d’enfants
(réponse « Non »), seules 6 % en ont eu un en France et 2 % en
Italie. À l’inverse, les intentions « positives » tendent à
surestimer les comportements. Seuls les deux tiers des personnes
qui avaient l’intention ferme d’avoir un enfant (réponse « Oui
») ont réalisé leur projet.
Mais au-delà de ces similitudes entre pays, une spécificité se
dégage. La proportion de couples ayant eu un enfant est
systématiquement supérieure en France, quelle que soit
l’intention exprimée. En particulier, parmi les personnes qui
étaient dans le doute (« incertaines »), ayant répondu «
probablement pas » à la question, 32 % ont eu un enfant en
France contre 9 % en Italie. Il semble y avoir en France une
attitude plus flexible vis-à-vis de l’avenir parmi les «
incertains », laquelle pourrait tenir à un contexte différent.
Les politiques familiales sont plus développées en France,
notamment en termes d’articulation entre travail et famille.
Sources : Generations and Gender Survey. France : Ined-Insee, Erfi-GGS, 2005-2008 ; Italie : Istat-FSS-GGS, 2003-2007 [site de l’enquête française]
Contact : Arnaud Régnier-Loilier
Mise en ligne : Décembre 2011