Familles recomposées : la place des beaux-parents

Beaux-pères et belles-mères ont-ils le même rôle auprès des enfants de leur conjoint ou conjointe ? Le temps passé dans le foyer par les beaux-enfants joue-t-il dans l’implication du beau-père ou de la belle-mère ? 

Parfois quotidienne, la beau-parentalité peut également s’exercer à un rythme plus espacé, le temps des week-ends ou des vacances scolaires. L’associer uniquement à la résidence principale, comme c’est souvent le cas dans les mesures statistiques institutionnelles, ne prend donc pas en compte toutes les configurations.

En 2011, presque autant de femmes (500 000) que d’hommes (600 000) vivaient en couple avec une personne ayant des enfants mineurs issus d’une précédente union. Toutefois, si 64% des hommes déclaraient vivre tout le temps ou presque avec leurs beaux-enfants, ce n’était le cas que de 18% des femmes (Enquête Famille et Logements). Un résultat reflétant la part importante de résidence exclusive des enfants chez la mère après la séparation, alors que les pères ne les ont souvent que les week-ends et les vacances. 

Des beaux-pères aux profils sociaux peu différenciés contrairement aux belles-mères

On observe peu de contrastes sociaux entre les beaux-pères vivant tout le temps avec les enfants de leur conjointe ou seulement le week-end. En revanche lorsque le partage du temps est plus équilibré, on a affaire à des pères ayant un capital scolaire plus important, cette catégorie de beaux-pères étant en couple avec des mères dont les enfants vivent souvent en résidence alternée. On note un effet de diplôme et de catégorie sociale semblable pour les belles-mères qui vivent la moitié du temps ou plus avec leurs beaux-enfants. Les profils sociaux des belles-mères selon le temps passé avec les enfants du conjoint sont beaucoup plus contrastés que ceux des beaux-pères. Les belles-mères vivant tout le temps ou presque avec leurs beaux-enfants sont plus souvent inactives, sans diplôme ou avec un diplôme inférieur au bac. A l’inverse, les belles-mères qui sont très diplômées ne vivent souvent qu’à temps partiel avec leurs beaux-enfants. Enfin, les belles-mères de beaux-enfants ne vivant jamais au domicile paternel sont plus souvent sans diplôme que celles vivant moins de la moitié du temps avec leurs beaux-enfants. 

Les beaux-pères prennent-ils en charge les mêmes tâches parentales que les belles-mères ?

En étudiant, à partir des données d’Erfi (Etude des relations familiales et intergénérationnelles), les activités des beaux-pères et belles-mères qui vivent au moins la moitié du temps avec leurs beaux-enfants mineurs et n’ont pas d’enfant, la répartition des tâches parentales apparaît également genrée : l’implication maternelle restant prédominante. Les beaux-pères, comme les pères, sont rarement en première ligne ; et, les premiers sont aussi impliqués que les seconds dans certaines tâches telles que l’habillage, l’aide aux devoirs ou encore la garde d’enfant malade. Toutefois, les beaux-pères participent moins au coucher des enfants, les déposent moins souvent à la crèche ou à l’école et interviennent moins dans les décisions relatives à l’éducation, que ne le font les pères. Le vide juridique sur le statut du beau-parent et les frontières de l’intimité justifient le retrait des beaux-pères de ces activités. 

Toutefois, par rapport aux beaux-pères, les belles-mères sont davantage impliquées, notamment dans l’habillage des beaux-enfants, l’aide aux devoirs, les trajets vers les lieux d’accueil et sont plus souvent associées aux décisions éducatives. Les inégalités conjugales demeurent cependant moins marquées pour les belles-mères que pour les mères, les pères s’investissant un peu plus quand ils sont le seul parent des enfants dans le foyer. 

Néanmoins, les activités parentales dites contraintes (aider au devoir, garder un enfant malade…) sont majoritairement prises en charge par les femmes, dans les familles recomposées comme dans les familles plus classiques, alors que la répartition sexuée est plus égalitaire pour les activités plus ludiques.

Source : Guillemette Buisson et Marie-Clémence Le Pape, 2023, Les temps recomposés des beaux-parents : du temps avec au temps pour les beaux-enfants, Population, 2023/3 Vol. 78, Ined Éditions, pages 467 à 500

Mise en ligne : octobre 2024