Enquête sur les violences subies par les LGB
L’enquête Virage (« Violences et rapports de genre ») conduite par l’Ined en 2015 auprès de plus de 27000 personnes résidant en France métropolitaine porte sur les violences subies par les femmes et les hommes. L’étude apporte notamment des données inédites sur les violences subies dans le cercle familial et les espaces publics par les personnes qui s’identifient comme lesbiennes, gaies et bisexuelles (LGB).
Les violences au sein du cercle familial et de l’entourage proche
La définition des violences familiales dans cette étude est large : elles désignent tout type de violences (insultes, remarques désobligeantes, brutalités physiques mais également agressions sexuelles, tentatives de viols et viols) commises par des membres de la famille ou de l’entourage proche (amis, voisins avec qui les personnes ont des relations régulières) et subies au cours de la vie.
Indépendamment de leur identification sexuelle, les femmes déclarent plus de violences que les hommes. Cependant les déclarations des lesbiennes et des bisexuelles sont 2,5 fois supérieures à celle des hétérosexuelles. S’agissant des hommes, les déclarations sont de moindre ampleur mais, là aussi, gays et bisexuels déclarent plus fréquemment avoir été victimes que les hétérosexuels.
En distinguant les personnes homosexuelles et bisexuelles, d’autres logiques apparaissent. Si les violences familiales déclarées par les femmes sont dans l’ensemble plutôt psychologiques, les lesbiennes et les bisexuelles sont nombreuses à déclarer des violences physiques et sexuelles. Chez les hommes, les gays et bisexuels déclarent plus de violences sexuelles. Toutefois, les prévalences pour les gays et les bisexuels sont bien moins importantes que celles concernant les lesbiennes et les bisexuelles.
Les violences dans les espaces publics
Dans les espaces publics aussi, les violences subies ne sont pas les mêmes selon le sexe et l’identification sexuelle. La moitié des lesbiennes et les trois quarts des bisexuelles déclarent des violences, tandis que c’est le cas de moins d’un tiers des hétérosexuelles. Les gays et les bisexuels déclarent moins de violences que les lesbiennes et les bisexuelles, mais, c’est un point notable, davantage que les femmes hétérosexuelles. Certains types de violences sont nettement sexués, et l’identification sexuelle accentue les vulnérabilités des femmes dans les espaces publics : c’est le cas de la drague importune, des insultes et des violences sexuelles. Les gays et les bisexuels déclarent néanmoins aussi beaucoup ces types de violences : un quart des gays comme des femmes hétérosexuelles déclarent avoir subi de la drague importune ou été insultés et un quart des hommes bisexuels rapportent des violences sexuelles, alors que c’est le cas de 10% des femmes hétérosexuelles. Les bisexuelles comme les bisexuels sont donc particulièrement touchés par les violences sexuelles.
Les violences physiques sont la seule forme de violences pour laquelle on compte un nombre plus élevé de déclarations chez les hommes hétérosexuels que chez les femmes hétérosexuelles : c’est un résultat connu, et cohérent avec l’ampleur du recours masculin à la force physique. Par contre, les violences physiques déclarées par les bisexuelles, les lesbiennes et les gays sont importantes.
Finalement, ces données attestent du caractère profondément genré des violences subies dans la famille et l’espace public, y compris au sein des minorités sexuelles, mais aussi la vulnérabilité spécifique des personnes bisexuelles.