La contraception en France
En France, presque toutes les femmes qui veulent éviter une grossesse utilisent un moyen de contraception. La pilule reste la méthode la plus employée, mais les pratiques se diversifient.
Une femme est concernée par la contraception si elle est en âge d’avoir des enfants, qu’elle n’est ni stérile ni enceinte, qu’elle a des rapports hétérosexuels et qu’elle souhaite éviter une grossesse. Plus de sept femmes de 15 à 49 ans sur dix sont concernées par la contraception et presque toutes emploient une méthode contraceptive. Seules 3 % d’entre elles n’en utilisent aucune.
Le paysage contraceptif en évolution
Depuis 2000, le paysage contraceptif a connu plusieurs évolutions notables en France. La loi Aubry du 4 juillet 2001 a notamment permis aux mineures de recourir au médecin de leur choix sans autorisation parentale ; elle a aussi légalisé la stérilisation à visée contraceptive. De nouvelles méthodes hormonales de contraception comme l’implant, le patch et l’anneau vaginal sont devenues disponibles ces dernières années.
L’enquête Fecond, réalisée en 2010 et reconduite en 2013 par l’Inserm et l’Ined, permet d’examiner les dernières tendances en matière de contraception, les méthodes utilisées selon l’âge des femmes et leur milieu social et les pratiques des professionnels de santé. L’enquête montre un recul de la contraception orale, accéléré par la crise des pilules de 3e et 4e générations.
Méthodes de contraception utilisées en France en 2013 selon l’âge des femmes (Population & Sociétés, n°511, figure 2)
La pilule perd du terrain
La France est l’un des pays du monde où les femmes ont le plus recours à la contraception orale. La pilule, légalisée en 1967 par la loi Neuwirth et remboursée par la Sécurité sociale depuis 1974, a longtemps symbolisé la « libération sexuelle » des femmes, qui pouvaient désormais maîtriser elles-mêmes leur fécondité.
La pilule reste aujourd’hui la méthode de contraception la plus utilisée en France, mais sa suprématie est remise en cause depuis quelques années. La controverse de 2012-2013 sur les pilules de nouvelles générations a entraîné une désaffection vis-à-vis de la contraception orale La polémique sur les risques de thrombose veineuse liés aux pilules de 3e et 4e générations a accéléré la baisse inédite du recours à la pilule observée dès le début des années 2000.
Entre 2010 et 2013, le recours à la contraception orale est passé de 50 % à 41 % chez les femmes de 15-49 ans (parmi celles concernées par la contraception). Ce recul est dû à la baisse des pilules incriminées : leur usage est passé de 19 % à 10 % en trois ans. Mais les femmes ne se sont pas beaucoup reportées vers les pilules de 2e génération (23 % d’utilisatrices contre 22 % en 2010), ce qui suggère une désaffection vis-à-vis de la pilule en général. La baisse est particulièrement marquée chez les jeunes femmes de moins de 30 ans. Les jeunes femmes de 25-29 ans en particulier se sont davantage tournées vers le stérilet ou le préservatif.
Évolution des méthodes de contraception utilisées en France entre 2010 et 2013 selon l’âge des femmes (Population & Sociétés, n°511)
Les pratiques se diversifient
Les femmes se tournent de plus en plus vers d’autres méthodes. Le stérilet est la deuxième méthode la plus répandue. Mais il est encore souvent prescrit aux femmes qui ont déjà eu des enfants ou qui ont plus de 30 ans. A l’inverse, au début de leur vie sexuelle, les jeunes femmes utilisent davantage le préservatif, qui permet de se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles. Parfois associé à la pilule, le préservatif est la 3e méthode la plus prisée, mais il n’est pas remboursé par la Sécurité sociale. La proportion de femmes qui y ont recours décline au fil de l’âge.
L’accès à la contraception est parfois inégal
Le coût de certaines méthodes qui ne sont pas ou peu remboursées par la Sécurité sociale peut constituer un obstacle pour les femmes qui connaissent des difficultés financières. Les femmes confrontées à une situation financière difficile, peu ou pas diplômées, n’utilisent aucune contraception plus fréquemment que les autres. Après la crise des pilules de nouvelles générations, les femmes cadres, qui en étaient les principales utilisatrices, se sont tournées vers le stérilet et pour certaines vers des méthodes naturelles (dates, retrait). Les femmes ouvrières, qui y avaient moins recours, n’ont pas modifié leurs pratiques.
D’une façon générale, les femmes n’ayant pas de difficultés financières sont davantage passées des nouvelles pilules vers des contraceptifs oraux plus anciens alors que celles qui connaissaient des difficultés financières, notamment les femmes nées dans un pays d’Afrique subsaharienne, se sont tournées vers des méthodes dites naturelles, dont l’efficacité contraceptive est beaucoup moins importante que celle des méthodes médicales.
Sources
N. Bajos, M. Rouzaud-Cornabas, Henri Panjo, Aline Bohet, Caroline Moreau et l’équipe Fecond, mai 2014, « La crise de la pilule en France : vers un nouveau modèle contraceptif ? » Population & Sociétés numéro 511
Contact : Nathalie Bajos
Mise en ligne : octobre 2017