Qualitatif et quantitatif
Si la plupart des enquêtes Ined sont des enquêtes quantitatives, l’usage de méthodes qualitatives s’est largement développé à différents stades d’un projet de recherche, le plus souvent en articulation avec l’approche quantitative. Très riches, ces approches sont toutefois assez coûteuses en temps, de collecte comme d’analyse.
En amont d’une enquête quantitative
Une pré-enquête qualitative
Dans le cadre de la préparation d’une enquête quantitative, des entretiens semi-directifs peuvent être menés afin de faciliter et enrichir la conception du questionnaire. Ces entretiens permettent d’explorer plus largement la thématique de recherche, en l’ouvrant notamment aux représentations, aux discours et aux pratiques des acteurs.
Enregistrés, ils peuvent être transcrits et faire l’objet d’une analyse textuelle ou d’une analyse de contenu thématique. S’ils ne sont pas transcrits, une analyse synthétique ou une écoute permettent de dégager les grandes lignes de l’entretien en fonction de la structure prévue du questionnaire, tout en identifiant d’éventuelles dimensions qui n’auraient pas été envisagées au départ. Construit de façon raisonnée et de taille relativement modeste (15 à 25 entretiens), l’échantillon vise surtout à représenter la plus grande diversité possible de profils de répondant-e-s.
Une observation du terrain
Une période d’observation de terrain et, par conséquent, du contexte dans lequel va se dérouler l’enquête, est également très riche et utile pour concevoir les outils de collecte (le questionnaire notamment), anticiper les difficultés et adapter la méthode et le protocole de collecte (échantillonnage, prise de contact…) aux différentes situations rencontrées.
Pour tester un questionnaire
Des entretiens cognitifs
Lors du test des questionnaires, des entretiens cognitifs peuvent aider à mieux cerner les problèmes rencontrés par les personnes en situation d’entretien. Menés auprès d’un petit échantillon diversifié de répondant-e-s, ils servent à réduire les incompréhensions ou les écarts entre les intentions des concepteur-trice-s d’une enquête et la façon dont elle est reçue par les enquêté-e-s.
Au fil du processus cognitif de réponse à une question, ces entretiens permettent de saisir les problèmes relatifs à :
- la compréhension ou l’interprétation de la question par l’enquêté-e;
- la recherche (l’extraction) de l’information demandée;
- l’évaluation de la réponse à donner (censure, motivation de l’enquêté-e, effet de désirabilité sociale…);
- la restitution finale d’une réponse, ajustée aux items et aux échelles de réponses proposées.
Les principales techniques employées sont le « think aloud » et le « verbal probing ».
- Le «think aloud» : l’enquêté-e est invité-e à « penser à voix haute » pour expliciter le processus mental de sa réponse, de la compréhension de la question à la restitution de sa réponse.
- Le «verbal probing» : une courte batterie de questions complémentaires permet de creuser la compréhension d’une question et la justification de la réponse donnée.
Des entretiens semi-directifs
Des entretiens semi-directifs peuvent être conduits auprès d’individus ayant déjà répondu (ou allant répondre) au questionnaire quantitatif. La comparaison des données issues des deux types de questionnement peut mettre en évidence d’éventuelles lacunes du questionnaire quantitatif.
En aval d’une enquête quantitative
Une post-enquête qualitative
Les entretiens semi-directifs conduits après une enquête quantitative permettent de creuser des dimensions difficiles à aborder dans le cadre d’un questionnaire fermé et/ou d’approfondir une thématique ou un résultat particulier mis en évidence par l’enquête quantitative. Le plus souvent (mais pas toujours), les enquêté-e-s sont alors «recruté-e-s» parmi les personnes qui, après avoir répondu au questionnaire de l’enquête quantitative, ont accepté le principe d’être recontactés pour un entretien ultérieur. Construit de façon raisonnée au regard des caractéristiques sociodémographiques des enquêté-e-s et de la question de recherche, l’échantillonnage est mené parallèlement à l’analyse, jusqu’à «saturation» de l’échantillon.
Enregistrés, les entretiens sont généralement transcrits pour faire l’objet d’une analyse textuelle ou d’une analyse de contenu thématique (ou autre).
D’une façon générale, le recrutement des enquêté-e-s se fait par la méthode «boule de neige» (un-e premier enquêté-e indiquant d’autres contacts possibles) et/ou par sélection de personnes au sein d’une base existante (dans les post-enquêtes quantitatives par exemple), ou encore en sous-traitant cette tâche à une société spécialisée dans le recrutement. Plus coûteuse, cette dernière option ne permet toutefois guère d’ajuster l’échantillonnage aux profils changeants des types d’enquêté-e-s recherchés au fil de la collecte et de l’analyse.