Population, climat et environnement

Les relations entre population et environnement présentent un enjeu particulier dans les pays du Sud, du fait des transformations fortes de l’environnement qui y prennent place, selon les lieux et les échelles d’observation, en lien avec la croissance démographique, la régulation foncière, ou les événements climatiques.
L’objectif du projet est de contribuer à une meilleure connaissance des relations entre population et environnement, dans leur complexité, en analysant les effets des changements environnementaux sur la démographie et les systèmes sociaux, sans négliger les effets inverses, ceux des changements démographiques sur l’environnement. Il aborde ainsi la migration, les dynamiques familiales et la santé tout en interrogeant le cadre de vie, l’accès à la terre ou à l’eau. Ce projet comporte une forte composante méthodologique sur l’articulation entre données démographiques et données spatiales.
Ce projet mobilise des sources diverses, depuis les données démographiques et spatiales existantes, jusqu’à des enquêtes qualitatives localisées, sur des terrains situés en Afrique de l’Ouest, en Afrique de l’Est, à Madagascar ou en Inde.

Alors que le nombre d’habitants sur terre n’a atteint un milliard qu’au début du 19e siècle, le rythme de la croissance démographique mondiale s’est par la suite accéléré jusqu’au milieu des années 1960. A l’échelle de la planète, la croissance actuelle de la population va de pair avec une fécondité en baisse, une amélioration globale des conditions de santé, des transformations des systèmes migratoires et une urbanisation marquée. Elle est concomitante à la diminution des ressources naturelles non renouvelables et à de la biodiversité. Par ailleurs, le réchauffement climatique actuellement en cours se manifeste par des aléas climatiques de plus en plus fréquents et de plus en plus marqués. Il affecte directement l’environnement par un changement progressif des écosystèmes qui s’inscrit sur le long terme et, dans le temps court, par des catastrophes « naturelles » (inondations, glissements de terrains, etc.).

Dans ces conditions démographiques et environnementales en transformation, des inquiétudes anciennes réapparaissent, de manière aigüe, sur la capacité des individus et des sociétés à (sur‐)vivre, à se développer, à gérer les ressources disponibles et à préserver la richesse naturelle de la planète sur le ong terme. La lutte contre le changement climatique et la gestion durable de l’environnement sont des éléments centraux des objectifs du développement durable signés fin 2015 par les Nations Unies, aux côtés de la lutte contre la pauvreté et de l’amélioration de la santé. Les relations entre population et environnement présentent un enjeu particulier dans les pays du Sud, dont une partie connaît toujours une croissance démographique rapide malgré la baisse de la fécondité en cours.

Ce champ de recherche, devenu incontournable, est paradoxalement relativement peu investi par les démographes. La démographie et l’écologie ne sont pas liées par des relations mécaniques, mais font système : la population et l’environnement interagissent et se transforment ensemble, avec des réactions à différents niveaux, parfois immédiates, parfois de long terme. Or, ce système, son fonctionnement et ses rouages méritent d’être mieux connus. D’un point de vue méthodologique, l’une des difficultés majeures de cette ambition est la prise en compte d’échelles d’analyse très différentes et l’insuffisance des sources de données classiques, limitées dans leur profondeur temporelle comme dans leur précision et leur couverture spatiale. Mieux comprendre les interactions complexes entre systèmes démographiques et environnementaux passe par la mobilisation de données adaptées et appelle à un renouveau méthodologique qui permette d’aller au‐delà de ce que les sources classiques de la démographie apportent, en mobilisant des données produites au sein de disciplines différentes, dans une perspective omparative, historique et multi scalaire.