Transferts privés, transferts publics et inégalités

La puissance publique réalise un ensemble de transferts aux individus, sous forme de prestations monétaire ou en nature. Ces transferts publics peuvent se substituer aux solutions privées de marchés lorsque ceux-ci sont défaillants, ou générateurs d’inégalités trop importantes. Les transferts publics ne se substituent par pour autant aux transferts privés, générateurs de fortes inégalités intergénérationnelles.
L’axe de recherche proposé s’intéresse à l’articulation entre l’intervention publique et ses conséquences en termes d’inégalités, selon trois dimensions qui en constituent les trois sous-axes.
Nous nous intéressons aux politiques de la petite enfance et éducatives et des enjeux liés à la coexistence de systèmes publics et privés. En France, les modes d’accueil sont divers et plus ou moins subventionnés. Les écoles privées sous contrat sont soumises aux mêmes exigences de suivi des programme nationaux que les écoles publiques et son massivement financées par l’État. Il apparaît alors nécessaire de poursuivre les recherches entreprises sur les effets de l’accueil collectif dès le plus jeune âge, d’une scolarisation plus ou moins précoce dans un établissement privé sur les performances scolaires des élèves.
Deuxièmement, nous nous intéressons à la dynamique des inégalités de revenus sur cycle de vie et au rôle joué par le système socio-fiscal sur celles-ci. Nous étudions d’abord comment différents événements de la vie affectent les trajectoires de revenus des individus et la formation des inégalités, en mettant l’accent sur le rôle protecteur joué par les impôts et prestations. Nous étudions ensuite l’effet global du système de taxe et transfert sur les inégalités de revenus sur cycle de vie, avec un focus sur les redistributions générées par le système de retraite.
Enfin, nous considérons les transferts entre individus qui ne relèvent pas de la sphère publique. Ces transferts privés peuvent revêtir différentes formes – monétaires ou immatérielle – et sont constitutifs des relations interpersonnelles. Ils peuvent toutefois avoir des effets importants sur les inégalités, sous différentes formes. Nous étudions donc dans un troisième sous-axe ce que les individus reçoivent de leurs proches - patrimoine, revenu en cas de choc, informations ou préférences - et le rôle que jouent ces transferts privés dans la formation et la reproduction des inégalités.

Le premier sous axe est composé de quatre volets et s’intéresse aux dynamiques éducatives au sens large. Le premier analyse la période de la petite enfance de la naissance à la toute première scolarisation en école maternelle. Le deuxième s’intéresse aux effets d’une scolarisation dans un établissement scolaire privé. Le troisième étudie les inégalités dans les trajectoires éducatives. Le quatrième s’intéresse à la reproduction sociale dans les cursus sélectifs.
Le deuxième sous axe s'articule autour de deux volets. Le premier examine l'impact des événements de vie sur les trajectoires de revenus des individus. Il prend en compte non seulement les effets directs de ces événements, mais aussi le rôle du système socio-fiscal dans l'assurance contre les chocs de revenus. Le second explore la corrélation entre ces événements et leur cumul sur le cycle de vie, afin de mieux comprendre comment ces événements influencent les inégalités de revenu au cours de la vie. Le troisième et dernier sous-axe s’intéresse à la question des transferts privés entre individus et à la manière dont ceux-ci contribuent aux inégalités. Ces transferts s’envisagent d’un point de vue matériel, autour de la question de la transmission du patrimoine et de ses conséquences sur les trajectoires patrimoniales des individus. Nous considérons dans un dernier volet des formes immatérielles de transferts privés : des transmissions d’information, de normes, ou de préférences.

Ces travaux reposent sur l’utilisation de méthodes quantitatives avancées (économétrie des données de panel, méthodes d’évaluation des politiques publiques (appariement, différence de différences, régression sur discontinuités, variables instrumentales, etc.) et mobilisent fortement des données longitudinales. Ils recourent également à des modèles de microsimulation dynamique, des méthodes telles que les analyses typologiques et de séquences (optimal matching) ou encore des méthodes mixtes, qualitatives et quantitatives. Les sources de données utilisées sont nombreuses et variées.

Participants