Thèse de sociologie soutenue le 3 décembre 2018, sous la co-direction de Michel Bozon et Juliette Rennes.
Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS) / EHESS (ED 286).
Titre : Ni hasard ni projet. Genre, sexualité et procréation pendant la jeunesse en Russie (années 1970 – années 2010)
Allocations : contrat doctoral financé par l’Institut Émilie du Châtelet (IEC) (2013-2016) ; allocation de 4e année à l’INED (2016-2017).
Résumé : Cette thèse s’intéresse d’un point de vue sociologique et socio-historique aux parcours d’entrée dans l’âge adulte de deux générations de femmes russes, en se focalisant sur l’entrée dans la sexualité, dans la conjugalité, et dans la maternité. Elle s’appuie principalement sur des entretiens (menés à Moscou ou à Saint-Pétersbourg avec des femmes et des hommes, majoritairement diplômé·e·s) ; deux corpus de presse ont également été analysés.
D’une génération à l’autre, la transition du socialisme d’État au capitalisme s’est accompagnée de nouvelles possibilités et contraintes, on voit émerger des modèles inédits pour le gouvernement de soi dans le domaine procréatif. L’âge moyen de la première maternité a reculé, et les normes (notamment de genre et d’âge) qui prévalent lors des débuts sexuels et amoureux se sont largement recomposées ; la diffusion inédite de méthodes de contraception technologiques (préservatif surtout, pilule dans une moindre mesure) a joué un rôle-clé dans ces évolutions.
À une génération de femmes qui avait un premier enfant pendant les études, ou très rapidement après, succède en Russie post-soviétique, dans les grandes villes, une génération qui fait l’expérience d’une « jeunesse sexuelle » inédite. Par là, on entend une période de la vie légitimement dédiée à des relations (hétéro)sexuelles idéalement protégées, dans le cadre d’un ou de plusieurs couple(s) successif(s), cohabitant(s) ou non, possiblement sans perspective de mariage ni de maternité. Mais la montée en puissance d’un tel idéal de maîtrise de la fécondité en début de vie sexuelle n’implique pas nécessairement que la naissance du premier enfant soit vécue sur le registre du projet conjugal concerté et soigneusement planifié. Plus les jeunes femmes avancent dans la vingtaine, plus elles sont assignées au sérieux conjugal, et plus, dès lors qu’elles sont en couple hétérosexuel stable, une injonction à la maternité précoce peut entrer en contradiction avec l’idéal de maîtrise du risque de grossesse.
Mots-clés : Genre, sexualité, procréation, parcours de vie, jeunesse, contraception, avortement, hétérosexualité, homosexualité, politiques publiques, Union Soviétique, Russie.
Article : "Avortement et norme procréative de la dernière génération soviétique en Russie", Cahiers du genre, n°60, p. 15-37, 2016.
Notice encyclopédique : "Contraception et avortement", in Rennes Juliette (dir), Encyclopédie critique du genre. Corps, sexualité, rapports sociaux, Paris, La Découverte, 2016".
Article : "Interpréter et transformer ? La "question des femmes" et la "question sexuelle" dans les sciences sociales soviétiques", CLIO. Histoire, femmes et sociétés, n°41, p. 41-64, 2015.
Communication : « Parcours d'entrée dans la sexualité, dans la conjugalité et dans la parentalité en Russie, d'une génération à l'autre (années 1970-2010) », Séminaire des RT « Parcours de vie » et « Famille » de l’AFS, Université Paris 5, 28 septembre 2018.
Communication : « Interpreting the World or Changing it? The “Woman Question” and the “Sexual Question” in Soviet social sciences) » (en anglais), Journée d’études « Gender, Sexuality, and the Body in the Soviet Union », Centre en Etudes Genre de l’Université de Lausanne, Suisse, 29 septembre 2017.
Communication : "Genre et transition vers l'âge adulte en Russie : le premier enfant comme "accident planifié" ?", 1er Congrès études de genre en France, GIS Institut du Genre / CNRS / MSH Paris Nord / ENS de Lyon, Lyon, 4 septembre 2014.
Communication : "Transition postcommuniste, subjectivités et parcours de vie : une approche genrée et générationnelle du passage à l'âge adulte en Russie", Journées d'études du Centre Maurice Halbwachs, Foljuif, 24 juin 2014.
Enseignement :
* 2016-2018 : Attachée temporaire d'enseignement et de recherche (ATER) dans la mention "Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie" du Master en sciences sociales de l'EHESS (Marseille) :
TD M1 "Enquête collective. Analyses de méthodes qualitatives, analyses de méthodes quantitatives, analyses d'archives" (thème de l'enquête : "Genre, sexualité et santé durant la jeunesse : politiques, discours et pratiques d’éducation et de prévention").
* 2015-2016 : Doctorante chargée d'enseignement(DCE) de la spécialité «Genre, politique, sexualité» du Master de Sociologie de l'EHESS (Paris) :
– TD M1-M2 «Atelier de lecture de textes classiques en études de genre».
– TD M1-M2 «Introduction à l’observation ethnographique des rapports de genre».
Responsabilités scientifiques :
* 2017: Co-organisation du colloque "Genre et contraception : quelles (r)évolutions?", avec le laboratoire junior "Contraception et genre", à Sciences Po Paris et à l’Université Paris Descartes, Paris, les 18 et 19 décembre.
* Depuis 2017 : Membre du Laboratoire junior Contraception et genre (label et financement Sorbonne Paris Cité - Cité du Genre) et organisation de son séminaire trimestriel.
* 2017 : Participation au comité scientifique de la journée d’études internationale « Masculinités socialistes. Les hommes en Europe de l’Est – ruptures, transformations et continuités au XXe siècle », Centre d’étude des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC) / EHESS, Paris, 15-16 septembre.
* 2015-2017 : Organisation du séminaire de recherche mensuel « L'aire postsoviétique / l'ère postcommuniste au prisme des sciences sociales », avec Pierre Deffontaines, Maria Voichita Grecu, Mihaela Hainagiu et Sandra Pellet, EHESS / Centre Maurice-Halbwachs / ENS.
* 2014 : Co-organisation de la journée d'études « Le métier de doctorant-e en SHS », avec le soutien de l'Iris et de l'Ecole doctorale Erasme Paris 13, EHESS, Paris, le 25 septembre.