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Espérance de vie : peut-on gagner trois mois par an indéfiniment ?
Population et Sociétés
n° 473, décembre 2010
L’espérance de vie continue de progresser dans les pays industriels et dépasse largement les limites biologiques annoncées il y a seulement quelques décennies. S’appuyant sur les maximums réellement observés au cours du temps, Jacques Vallin et France Meslé résument les étapes du progrès sanitaire et leurs ressorts successifs, pour discuter des perspectives d’allongements de la vie encore possibles.
Dans un article paru en 2002 dans la revue Science, James Oeppen et James Vaupel, observant que les records d’espérance de vie avaient progressé linéairement depuis 1841 au rythme constant de 3 mois par an, en concluaient qu’il y avait toute raison de croire que cela continuerait encore longtemps. Un réexamen critique des données et une vue plus longue sur le passé indiquent, au contraire, que les rythmes de croissance de l’espérance de vie ont varié avec le temps, au fur et à mesure que les ressorts essentiels du progrès sanitaire ont eux-mêmes changé. En particulier, le rythme caractérisant l’étape la plus récente, la révolution cardiovasculaire, a été moins rapide que celui de la période précédente, celle de la victoire sur les maladies infectieuses. Plus l’espérance de vie augmente, plus sa progression exige un recul massif de la mortalité à des âges de plus en plus élevés. La suite dépendra d’innovations à venir dont on ne peut connaître aujourd’hui le rythme d’accomplissement. Une espérance de vie de 100 ans n’est certainement pas hors de portée mais nul ne peut encore dire à quelle échéance.