Population 1999 n° 1
1999
- La double famille des enfants de parents séparés. Villeneuve-Gokalp Catherine
- Proximités socioprofessionnelles entre germains et entre alliés : une comparaison dans la moyenne durée. Zarca Bernard
- Suicide et activité professionnelle. Bourgoin Nicolas
- Paul Leroy-Beaulieu et la question de la population. L’impératif démographique, limite du libéralisme économique. Tapinos Georges Photios
Notes de recherche
- L’homicide et le suicide dans le monde industriel. Le cas russe. Jean-Claude Chesnais
- La communication entre conjoints sur la planification familiale au Cameroun. Les normes et les stratégies du couple en matière de fécondité. Amadou Noumbissi, Jean-Paul Sanderson
Villeneuve-Gokalp Catherine
L’augmentation des ruptures conjugales et des remises en couple suscitent de nombreuses interrogations sur leurs conséquences pour les enfants. Les sources statistiques courantes sont insuffisantes pour les connaître, aussi, l’INED a organisé deux enquêtes, en 1986 et en 1994, pour saisir la situation familiale des enfants dont les parents ne vivent pas ensemble.
En 1994, 17 % des enfants mineurs ne vivaient plus avec leurs deux parents, soit près de 20 % de plus qu’en 1986. L’augmentation des ruptures familiales a eu pour conséquence un accroissement des familles monoparentales, mais elle n’a pas entraîné une progression des familles recomposées. En 1994, 11,5 % des enfants vivaient dans une famille monoparentale, 4,6 % dans une famille recomposée et 1,1 % étaient séparés de leurs deux parents et vivaient dans un autre foyer.
Le réseau familial des enfants ne vivant pas avec leurs deux parents est, soit plus large que celui des enfants de parents unis : un enfant sur deux ayant un beau-parent et un sur dix en ayant deux simultanément, soit réduit de moitié : près d’un enfant sur quatre ayant au moins un parent décédé ou inconnu. Le risque majeur est celui d’une augmentation des enfants « privés » de père : 15 % de l’ensemble des enfants ne vivent pas avec lui contre 12 % huit ans plus tôt. Parmi ces enfants, un sur trois ne le voit jamais et cette proportion n’a pas varié depuis 1986. En revanche, les enfants qui continuent à voir leur père après la séparation tendent à le voir plus souvent que par le passé : entre 1986 et 1994, la proportion d’enfants qui voient leur père au moins un week-end sur deux a augmenté d’un tiers, pour atteindre 40 % en 1994. Les rencontres entre le père et ses enfants sont plus fréquentes lorsque le père ne se remet pas en couple et n’a pas d’autres enfants et lorsque la mère a rencontré un nouveau compagnon avec lequel elle ne cohabite pas. Quant aux adolescents, ils habitent plus souvent chez leur père que les enfants plus jeunes, mais ceux qui vivent chez leur mère ont tendance à voir leur père moins souvent que leurs cadets.
INED, Population n° 1, 1999 - page 9
Proximités socioprofessionnelles entre germains et entre alliés
Une comparaison dans la moyenne durée
Zarca Bernard
Les phénomènes d’héritage de la position socioprofessionnelle du père par chacun des frères aîné et benjamin ou du statut d’active de la mère par chacune des soeurs aînée et benjamine (voire les transferts au gendre ou la bru de cette position ou de ce statut), ainsi que la tendance à ce que les frères (resp. les soeurs, les beaux-frères ou les belles-soeurs) héritent ensemble (tendance que nous appelions : complémentarité) avaient été mis en évidence pour l’année 1976 par l’étude des fratries que l’enquête Réseaux familiaux, effectuée par l’Ined cette année-là, permettait d’échantillonner.
Les phénomènes sont-ils stables dans le temps ? L’enquête Proches et parents effectuée par l’Ined en 1990 permettant de composer un échantillon de fratries équivalent au précédent, une comparaison dans la moyenne durée est possible.
Les phénomènes d’héritage ou de transfert étudiés persistent dans le temps, dans la quasi-totalité de l’espace social, mais avec une force variable, telle que la tendance soit à une plus grande égalité entre les germains. Par contre, les phénomènes de complémentarité tendent à s’estomper, sauf pour les petits indépendants, c’est-à-dire dans les milieux les plus traditionnels de la société française. Cette constatation est cohérente avec ce que l’on sait des transformations de la famille au cours de la période considérée, notamment avec la plus grande individualisation de ses membres.
INED, Population n° 1, 1999 - page 37
Suicide et activité professionnelle
Bourgoin Nicolas
Cet article met en évidence un effet variable de l’inactivité sur le suicide selon le sexe et l’âge, les hommes d’âge moyen apparaissant les plus sensibles à la perte d’un emploi.
Chez les personnes ayant un emploi, le taux de suicide augmente à mesure que l’on descend dans l’échelle sociale, comme c’est le cas pour la mortalité générale. L’analyse des corrélations entre fréquence du chômage, niveau de revenu et d’éducation, d’une part et fréquence des suicides d’autre part permet de décomposer le lien profession/suicide et fait ressortir la situation particulière - favorable ou défavorable - de chaque groupe professionnel : les instituteurs et les cadres, par exemple, se suicident davantage que ne le voudrait leur niveau d’éducation ou de revenu. Ce résultat tend à montrer qu’au mode de vie, lié au niveau social, se rajoute d’autres effets propres à l’activité professionnelle elle-même et aux conditions de son exercice.
Enfin, l’analyse du mode opératoire selon la profession permet de rendre compte d’une partie des écarts observés, les professions les plus suicidaires étant aussi celles qui utilisent les moyens les plus radicaux.
INED, Population n° 1, 1999 - page 73
Paul Leroy-Beaulieu et la question de la population
L’impératif démographique, limite du libéralisme économique
Tapinos Georges Photios
On se propose dans cet article de retracer l’évolution de la pensée d’un économiste malthusien et libéral, Paul Leroy-Beaulieu (1843-1916), confronté au ralentissement de l’accroissement de la population française ; de s’interroger sur la nature et la portée de la critique de Malthus, affirmation d’une loi de population post-malthusienne pour les pays avancés ou remise en cause fondamentale de la vision malthusienne ; de montrer le caractère ambigu et illusoire de la tentative de réconciliation d’une vision libérale du système économique et de l’impératif politique de régénération démographique.
INED, Population n° 1, 1999 - page 103
Prix : 20 € TTC