Les chômeurs dans leur famille
Population et Sociétés
n° 350, octobre 1999
- Chômage et isolement
- Actifs découragés
Le chômage est généralement comptabilisé de manière individuelle : chaque mois, sont publiés un nombre de chômeurs et un « taux de chômage », calculé sur des ensembles d’individus. Quand on s’intéresse aux ménages et familles dont font partie les chômeurs, on est conduit à des interprétations contradictoires [1] : d’un côté, la mesure individuelle surestime l’impact du chômage, puisque ce dernier est sensiblement amorti quand les autres adultes du foyer exercent un emploi, voire quand le chômeur est soutenu par des proches vivant hors du ménage ; mais d’un autre côté, le décompte des chômeurs sous-estime le nombre de personnes victimes du chômage, puisque la présence d’un chômeur affecte non seulement le niveau de vie de l’ensemble des membres de la famille mais désorganise la vie familiale elle-même. Les analyses savantes constatent que chômage et problèmes familiaux sont dans des rapports de causalité mutuelle et qu’il vaut mieux parler d’interaction : le chômage perturbe la constitution et le fonctionnement de la famille, inversement les crises familiales perturbent le rapport au travail des personnes concernées. On ne peut trancher qu’au prix d’analyses « longitudinales », de suivi des personnes touchées par le chômage, comme celles que permet le « panel européen de ménages » [2]. Cette complexité explique peut-être que les informations qu’apporte chaque année l’enquête Emploi de l’Insee sur la position des chômeurs dans leur environnement familial [3], quoique abondantes, soient rarement commentées. En voici quelques éléments, présentés de façon aussi factuelle que possible (*).
(*) Les tableaux et graphiques ci-après sont extraits d’une note de Claude Gissot, qui appartenait à l’époque à la division Emploi de l’Insee, rédigée pour le groupe de travail « Famille et chômage » du Haut Conseil de la Population et de la Famille, présidé par Jacques Commaille, directeur de recherches au CNRS, dont le rapport vient de paraître et est disponible sur Internet : http://www.social.gouv.fr/htm/home/index_titre1.htm