Catholiques et protestants d’Irlande du Nord, les enjeux du recensement de 2001
Population et Sociétés
n° 390, mai 2003
Catholiques et protestants d’Irlande du Nord, les enjeux du recensement de 2001
- Des résultats apparemment décevants pour les catholiques
- Une baisse générale de la fécondité, plus prononcée pour les catholiques
- L’enjeu politique des catégories résiduelles
- Les projections démographiques dans le débat sur l’avenir politique du pays
Actualité - Les Nations Unies révisent à la baisse leurs projections pour la population mondiale
Les résultats du recensement d’Irlande du Nord conduit en avril 2001 étaient très attendus. Les unionistes, favorables au maintien dans le Royaume-Uni, ainsi que les nationalistes, adeptes du rattachement à l’Irlande, voulaient une fois de plus se compter, comme à l’occasion de chaque recensement, tous les dix ans. On allait enfin connaître le poids démographique actuel des deux communautés, protestante et catholique. Le climat était particulièrement tendu, le conflit déchirant de longue date la province, la violence politique et les dissensions entre partis qui l’accompagnent s’étant amplifiés au cours de l’année 2002.
Les pronostics des démographes concernant la part de chaque communauté dans la population se trouvaient dans une fourchette large : entre 44 % et 46 % pour les catholiques, entre 54 % et 56 % pour les protestants. Mais les hommes politiques n’avaient pas cette prudence. Fort de son succès aux élections législatives de 2001, le parti nationaliste Sinn Fein proclamait déjà la défaite de ses adversaires, tandis que les unionistes se félicitaient à l’avance de la stagnation des catholiques et concluaient que la réunification devenait impossible.
L’enjeu politique du recensement était directement lié aux Accords du Vendredi Saint, qui prévoyaient de voter par référendum la réunification ou le maintien dans le Royaume-Uni, en respectant le principe : « Un homme, une voix ». Cependant, même à supposer que les catholiques soient la majorité dans la population, ils n’auraient pas forcément la majorité au vote sur la réunification. En effet, la population catholique, plus jeune en moyenne que la population protestante, est moins représentée dans le corps électoral. En outre, les catholiques ne répudient pas tous le Royaume-Uni alors que la plupart des protestants sont hostiles à la réunification de l’Irlande.