Du groupe à l’individu. Synthèse multiniveau
Collection : Manuels et Textes fondamentaux
2004, 242 pagesPremière partie
D’une opposition macro-micro à une analyse multiniveau
Chapitre I. – Une analyse du moment des groupes sociaux
Chapitre II. – L’introduction de l’ancienneté dans le groupe
Chapitre III. – Une analyse des données individuelles
Chapitre IV. – Vers une analyse contextuelle et multiniveau
Seconde partie
Une analyse en multiples niveaux
Chapitre V. – Définition des niveaux
Chapitre VI. – Analyse linéaire de caractéristiques continues
Chapitre VII. – Analyse de caractéristiques discrètes
Chapitre VIII. – Analyse biographique multiniveau
Conclusion générale
Annexe 1. – Glossaire des termes épistémologiques
Annexe 2. – Principaux logiciels utilisables pour une analyse multiniveau
Bibliographie
Index des auteurs
Index terminologique
Ce manuel présente une vue historique de l’évolution de la pensée démographique, des origines au XVIIe siècle à nos jours, pour montrer comment l’approche multiniveau résout certaines des contradictions apparues au cours du temps et permet une synthèse des différentes approches suivies. Une comparaison plus générale avec les autres sciences sociales y est aussi tentée.
L’introduction pose le problème de l’opposition entre société et individu. Selon le point de vue pris, les hypothèses qui fondent les sciences sociales peuvent conduire à des résultats contradictoires. Pour Durkheim, l’origine des faits sociaux doit être recherchée dans la constitution du milieu social où ils se produisent. Pour Boudon, l’origine d’un phénomène observé doit être vue comme la résultante d’actions ou d’attitudes individuelles. L’analyse multiniveau va chercher à dépasser cette contradiction.
La première partie explore la façon dont ces approches ont été suivies depuis l’origine de la démographie. L’approche dite transversale cherchait à comprendre les phénomènes à l’échelle de groupes sociaux, puis l’approche longitudinale a connu son apogée au cours des années 1970 en introduisant le temps vécu par les générations ou les cohortes, tout en restant au niveau agrégé. En posant des hypothèses d’homogénéité des populations sur lesquelles elle travaille, et d’indépendance entre les divers phénomènes étudiés, elle rencontre cependant de nombreuses difficultés qui n’ont pu être résolues que par l’approche biographique dont le point de vue est individuel. Mais, cette fois-ci, apparaît un risque d’erreur atomiste, car l’approche longitudinale n’introduit dans l’analyse que des caractéristiques individuelles. Ce risque ne peut être supprimé que par une approche contextuelle, et plus généralement multiniveau, qui permet une synthèse entre action de la société et de l’individu.
La seconde partie examine les divers modèles qu’une telle approche multiniveau peut utiliser, en indiquant leur formalisation mathématique en fonction notamment du type de variable en jeu, les problèmes que l’on peut rencontrer et les questions notamment posées par la mise en évidence de niveaux : modèles à niveaux hiérarchisés, à classifications croisées, à appartenances multiples, etc. Même si les caractéristiques continues sont rares en démographie, elles sont cependant considérées dans de telles analyses : il est dès lors utile de débuter l’examen des modèles par les analyses de régression linéaire. En passant maintenant aux données discrètes, plus souvent observées en démographie, diverses méthodes sont présentées avec des exemples précis qui permettent de traiter des variables binaires, par des modèles logit ou probit, des variables polytomiques nominales et ordinales, par des modèles logit multivariés, et enfin des décomptes d’événements, par des processus de Poisson plus ou moins complexes. Enfin l’analyse biographique multiniveau, la plus pertinente en démographie, est traitée. Elle permet d’utiliser toute l’histoire de vie passée des individus pour expliquer, dans le temps, des comportements plus ou moins complexes, en les replaçant dans leur espace de vie plus général.
Le traitement théorique et épistémologique de ces problèmes qui appelle un retour à la fondation de la sociologie et de la démographie, puis la conduite du raisonnement jusqu’aux approches les plus récentes, est fait de façon suffisamment rigoureuse pour un spécialiste des sciences sociales, mais reste entièrement accessible au lecteur néophyte.