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Démographie

1997, 440 pages

Papier

0,00 €
Les démographes de langue française ont bien de la chance, contrairement à leurs collègues anglophones. Ils disposent en effet d’excellents ouvrages portant sur les méthodes d’analyse démographique, tel celui de Louis Henry ou encore les diverses éditions successives du livre désormais «classique» de Roland Pressât. Signalons aussi, dans le domaine de l’analyse migratoire, l’excellent ouvrage de Daniel Courgeau. La présence de programmes d’enseignement sur la démographie dans les universités françaises et autres centres d’enseignement supérieur, ainsi que la contribution majeure de l’école de l’Ined au domaine des méthodes d’analyse démographique, expliquent certainement cette situation. Il est curieux de constater en contrepartie que les États-Unis d’Amérique, pays du textbook par excellence, ne disposent guère d’ouvrages du même genre, hormis l’un ou l’autre livre de démographes formés par ailleurs en France. Cette situation s’explique probablement par le fait que l’apport des USA, dans le domaine méthodologique, se situe surtout au niveau de la modélisation et de l’application de méthodes statistiques, plutôt que dans le champ de l’analyse démographique sensu stricto, sauf exceptions plus ou moins nombreuses évidemment. Si l’analyse démographique conserve encore tout son intérêt, l’approche classique soulève tout de même des problèmes. C’est ainsi que la condition d’indépendance entre le phénomène étudié et les phénomènes concurrents est souvent irréaliste. Par exemple, le tabagisme accroît à la fois les risques de mourir par cancer du poumon et par maladies cardio-vasculaires. Calculer une table en extinction simple pour la seule cause de mortalité par cancer du poumon, en supposant le risque indépendant des autres causes (et donc des maladies cardio-vasculaires), ne peut guère se justifier ici, puisque le tabagisme induit une association entre les deux causes de mortalité. Par ailleurs, les méthodes classiques d’analyse s’adaptent bien aux cas où le nombre de variables à contrôler demeure minime. On peut ainsi contrôler l’âge, la durée du mariage et le sexe, dans une analyse de la fécondité, mais l’approche devient vite très lourde si l’on souhaite introduire également la profession, l’instruction, le nombre d’enfants déjà nés, etc., en vue notamment de tenir compte de l’hétérogénéité de la population soumise au risque. Un recours aux méthodes statistiques s’impose dès lors ici. De même, l’utilisation de plus en plus fréquente d’enquêtes rétrospectives ou prospectives amène le démographe à vouloir tenir compte des déterminants possibles de la durée différentielle de « survie » au phénomène étudié, les lignes de vie individuelles étant souvent tronquées par la date d’enquête ou les sorties d’observation, selon le type de collecte. Les méthodes classiques sont mal adaptées à ce genre de données et, ici aussi, le recours aux méthodes statistiques (d’analyse des biographies cette fois) est nécessairement indiqué. Un nouvel ouvrage d’analyse démographique était donc requis, pour intégrer les développements méthodologiques récents, et c’est l’ambition du présent manuel rédigé par deux démographes réputés de l’école française de démographie, Henri Leridon et Laurent Toulemon. Ce livre répond en effet de façon remarquable aux diverses interrogations soulevées précédemment. Si l’ouvrage est essentiellement centré sur la méthodologie, il ne néglige pas pour autant, contrairement aux textes de Henry ou de Pressât cités plus haut, d’introduire le lecteur à l’évolution des populations et à ses causes et conséquences socio-économiques. C’est ainsi que, par exemple, la dernière partie de l’ouvrage porte sur les régimes et transitions démographiques, l’évolution de la population mondiale et les conséquences économiques et sociales des évolutions démographiques, tandis qu’un chapitre traite des causes de la mortalité et d’autres des approches sociologiques et économiques de la fécondité ou de la famille.

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