Quelles méthodes pour estimer la taille d’une population difficile à enquêter ?
Collection : Documents de travail
n° 255, 2020, 28 pages
Quelles méthodes d’enquête utiliser pour estimer la taille d’une population difficile à joindre ?
Les enquêtes portant sur des populations « marginales » dites difficile à joindre, c’est-à dire sans base de sondage, stigmatisées, et/ou de petite taille, font l’objet de réflexions depuis plusieurs années. Ces enquêtes ont vocation à améliorer la connaissance de populations touchées par certains problèmes sociaux, comme l’extrême pauvreté, l’épidémie de sida, l’usage de drogues injectables, afin d’aider l’Etat à mettre en place des politiques publiques adaptées.
Le champ de recherche des populations difficiles à joindre fait l’objet d’un grand nombre de travaux dans la littérature internationale. Plusieurs méthodes ont été conçues pour estimer la taille de ces populations difficiles à joindre. Certaines de ces méthodes n’ont été jusqu’alors appliquées dans un seul et unique domaine, par exemple les populations à risque VIH, et d’autres n’ont pas encore été appliquées en France. Certaines de ces méthodes nécessitent la réalisation d’enquêtes pour produire les données, d’autres s’appuient sur des données administratives préexistantes.
Dans le cadre de la préparation d’une enquête sur l’assistance médicale à la procréation (AMP) transfrontalière, nous avons mené un travail bibliographique sur ces méthodes d’estimation. Nous vous proposons de passer en revue les plus adaptées à notre population d’intérêt (la liste n’est donc pas exhaustive), en abordant la théorie et la mise en oeuvre pratique de chacune d’elles, et en confrontant leurs avantages et limites. Cette présentation s’adresse à la fois au chercheur, à l’ingénieur d’enquête et au statisticien et a pour objectif de présenter à tous les implications de chaque méthode dans la mise en place générale d’une enquête de ce type.
Notre travail exploratoire nous a permis d’identifier deux méthodes peu ou pas citées dans la littérature francophone, le benchmark-multiplier et l’amplificateur par réseau, qui nous semblent assez adaptées à notre population d’intérêt car elles permettent notamment d’assurer la protection de l’anonymat des personnes.