Comment aborder les pratiques religieuses en Afrique Subsaharienne ?
Collection : Documents de travail
n° 232, 2017, 37 pages
Dans les recensements et les enquêtes démographiques, la religion est enregistrée comme une variable d’état, en supposant que l’affiliation religieuse des individus est unique et définitive. Cependant, selon les anthropologues et les sociologues, le pluralisme et la mobilité sont monnaie courante en Afrique subsaharienne. Dans cet article, nous discutons de la pertinence et de la faisabilité d’une approche statistique des pratiques religieuses tenant compte de leur complexité et de leur variabilité tout au long de la vie d’un individu. Nous utilisons des données longitudinales recueillies depuis 25 ans dans le sud-est du Mali au sein d’une population où coexistent les religions traditionnelles et chrétiennes. Les itinéraires religieux depuis la naissance ont été enregistrés, en tenant compte des séquences religieuses d’au moins trois mois. Grâce à ce corpus unique de données, nous pouvons comparer les résultats d’une approche transversale classique avec ceux obtenus via une approche longitudinale qui prend en compte les trajectoires religieuses des individus. Les résultats démontrent la pluralité et la variabilité des pratiques religieuses. La plupart des individus, à un moment donné de leur vie, sont affiliés à différentes religions. La mobilité et la réversibilité dans l’affiliation religieuse sont fréquentes. Selon les critères considérés, la prévalence d’une religion varie d’un facteur 1 à 8. L’enquête fournit des preuves statistiques de la complexité et de la dynamique des pratiques religieuses. La faisabilité d’une approche quantitative des pratiques religieuses sur la vie d’un individu, au moins dans une enquête de petite taille, est confirmée.