Algérie : femmes et familles entre droit et réalité
Collection : Documents de travail
n° 214, 2014, 31 pages
De nombreuses études soulignent les profondes transformations de la famille algérienne. La fécondité baisse, les mariages sont retardés, l’Ayla a changé et la famille traditionnelle a cédé la place à une famille contemporaine où se heurtent crispation idéologique et évolution socio-économique. Toutefois, les transformations sont loin d’être univoques et l’on assiste à une difficile transition où les dynamiques de différenciation sociologique font désormais coéxister plusieurs modes d’organisation familiale (conjugale, monoparentale, élargie, recomposée, etc.) et entraînent des effets variables sur les relations hommes-femmes et sur le statut réel des femmes dans la société. La radicalité de la violence de la décennie 1990, les conséquences économiques et sociales des privatisations, du désengagement de l’État, de l’accroissement du chômage, de l’exode rural, les nouveaux rapports nés de l’économie libérale ont profondément bouleversé la société. Cependant, et paradoxalement, tout ce qui participe au symbolique (place des sexes, patriarcat, normes culturelles…) ou relève du juridique (Code de la famille, diverses instances du droit…) reste marqué par une anthropologie relevant du modèle ancien, patriarcal et patrilinéaire. Cet article propose une lecture des dispositions juridiques du Code de la famille à la lumière des diverses variables de l’évolution démographique et sociologique de l’Algérie