Les sites et les applications de rencontres ont connu un succès fulgurant. En à peine 20 ans, passer par un intermédiaire commercial pour trouver un partenaire a cessé d’être considéré comme une pratique marginale et stigmatisée pour devenir une activité courante. Comment expliquer ce changement rapide et que nous dit-il des transformations de l’amour et de la sexualité ?
Au contraire de ceux qui voient dans ces plateformes de rencontres une démocratisation de l’amour et de ceux qui décrient une marchandisation de l’intime, cet ouvrage raconte une autre histoire de comment et pourquoi les rencontres en ligne ont connu un tel essor. La clé pour comprendre leur diffusion inédite réside dans ce que Marie Bergström appelle la « privatisation de l’intime ». Avec ces sites et applications, la rencontre est transférée de la sphère publique à la sphère privée et devient une pratique domestique et individuelle. Contrairement aux rencontres qui ont lieu dans des cadres traditionnels comme le lieu d’étude, le lieu de travail ou les soirées entre amis, les rencontres en ligne opèrent une distinction nette entre sociabilité et sexualité, et sont beaucoup plus discrètes. Apparemment banale, cette dimension de privatisation est fondamentale pour comprendre à la fois le succès et les usages de ces nouveaux services de rencontres. Bergström met aussi en lumière les inégalités persistantes dans le domaine de la vie intime : dans le jeu de la séduction numérique, il y a les gagnants et les perdants et les expériences diffèrent selon le sexe, l’âge et la classe sociale.
S’appuyant sur des sources empiriques très diverses, cet ouvrage remet en cause ce que nous pensons savoir des rencontres en ligne et apporte un nouvel éclairage sur une pratique tant populaire que débattue.