@@src2@@
Les enfants de familles désunies en France
Leur trajectoires, leur devenir
Collection : Cahiers
n° 158, 2007, 224 pages
- Chapitre 1
L’enfant sans l’un de ses parents à travers les siècles
La mort des parents, la survie des enfants
Le temps passé par les parents avec leurs enfants
Les statuts de « l’enfance difficile » : du bâtard à l’enfant de famille désunie
- Chapitre 2
Les changements récents de l’environnement familial des enfants
L’environnement familial des enfants : sources et définitions
Les tendances récentes des trajectoires familiales des enfants
La complexité des familles contemporaines de parents séparés
Contrastes sociaux des évolutions de l’environnement familial
- Chapitre 3
Impacts sur la réussite scolaire
La relation entre les trajectoires familiales de l’enfance et le niveau de diplôme
Une moindre réussite scolaire des enfants de familles dissociées, pourquoi?
L’évolution récente des inégalités familiales devant l’école
- Chapitre 4
Une insertion professionnelle plus mouvementée - Chapitre 5
La stabilité du premier couple des jeunes adultes
Les spécificités des données et des indicateurs
Stabilité du premier couple et précocité du cycle de la conjugalité
Les conditions de formation du premier couple et la rupture ultérieure
- Chapitre 6
La précarité matérielle en famille monoparentale
Un aperçu comparatif au niveau européen
Le niveau de vie en famille dissociée
Voies d’amélioration et suggestions
- Conclusion générale
- Annexes
- Références bibliographiques
La famille a toujours constitué un repère stable pour l’enfant, son point d’ancrage avant l’aventure de la vie adulte, mais elle n’a jamais été à l’abri de soubresauts. Autrefois, la mort frappait souvent les parents et les transitions familiales étaient les conséquences inéluctables d’une espérance de vie réduite. Aujourd’hui, les conditions sanitaires se sont considérablement améliorées. Mais, parallèlement, depuis le milieu des années 1960, la libéralisation des rapports de couple et l’augmentation du nombre de divorces perpétuent, d’une autre façon, les situations de transition et de précarité familiales pour certains enfants.
Le paysage démographique de la famille s’en trouve profondément bouleversé et aujourd’hui, les parcours familiaux des enfants ne sont pas forcément « rectilignes ». Les données recueillies par l’Ined et l’Insee auprès des jeunes générations, comparées à leurs aînées, confirment bien que la proportion d’enfants vivant une transition familiale ne cesse d’augmenter. Une croissance qui ouvre un champ d’analyse sur la question du devenir social de ces enfants.
Quels sont les impacts à long terme des expériences vécues au sein du groupe domestique de l’enfance ? Comment les mesurer ? Quels mécanismes sont à l’œuvre et peut-on les expliquer ? L’objet de cet ouvrage est d’étudier la séparation des parents et la vie en famille désunie qui en résulte, comparés à la forme familiale normative : la famille dite « unie ». Les effets à long terme de la structure du groupe domestique de l’enfance constituent un objet digne d’intérêt, injustement laissé pour compte par la sociologie française. Les études françaises sur la famille ont mis en avant l’individualisation des valeurs et une attente d’autonomisation de l’individu au sein de l’espace familial pour expliquer la fragilité conjugale et la montée des divorces, occultant finalement sa fonction traditionnelle de transmission et de reproduction des valeurs. Les sociologues anglais et américains se sont en revanche plus intéressés aux effets à long terme des structures familiales de l’enfance et des conséquences du divorce.
La jeunesse est la transition entre la petite enfance, période de totale dépendance familiale, et l’âge adulte, d’autonomie affective et économique. La jeunesse s’étire aujourd’hui sur un temps plus long et elle est vécue très différemment que par le passé. Dans le respect de cette définition sociologique de la jeunesse, le matériau d’enquêtes exploité aborde ce temps comme une construction progressive, par expérimentation, du statut d’adulte. Les trois enquêtes utilisées sont l’enquête Passage à l’Âge adulte de l’Ined (1993) ainsi que les deux en-quêtes Jeunes de l’Insee de 1992 et 1997. Ces enquêtes donnent toutes une définition précise de la trajectoire familiale de l’enfance qui distingue les cas -suivants :
- la vie en famille nucléaire unie, avec les deux parents d’un premier et unique mariage ;
- la vie en famille dissociée du fait d’un décès parental ;
- la vie en famille monoparentale après un divorce ou une séparation ;
- la vie en famille « recomposée » avec un parent biologique et un beau-parent.
À partir de ces enquêtes, l’auteur relie les trajectoires familiales aux trajectoires de jeunesse, en respectant cette logique de construction progressive et peut ainsi déterminer les points d’impact les plus manifestes d’une dissociation familiale sur la scolarité et l’obtention d’un premier diplôme, et sur l’émancipation du foyer familial, l’entrée dans la vie active et le premier couple. Il raisonne de façon dynamique, à partir des trois dimensions fondamentales de la sociologie : l’âge, la génération et la période. Âge des changements, la jeunesse a elle-même connu des transformations accélérées ces dernières années. Vu sous cet angle, le thème, a priori spécialisé, de la sociologie du divorce peut mener à un brassage multidisciplinaire particulièrement riche et permettre de construire une sociologie des enfants de la désunion. L’auteur a, de manière ambitieuse, volontairement mêlé les données démographiques, la sociologie de la famille et du couple, les notions de mobilité sociale, d’économie et de politique publique.
Son approche d’analyse, à la fois sociologique et démographique, prend en compte la notion d’environnement familial avec, outre la situation familiale, l’origine sociale et le niveau d’études des deux parents. C’est un des nombreux éclairages de cette étude qui révèle la richesse potentielle des enquêtes institutionnelles, gisements sociodémographiques qui peuvent apporter, par la mise au jour de logiques biographiques, une meilleure connaissance du monde social.
Le paysage démographique de la famille s’en trouve profondément bouleversé et aujourd’hui, les parcours familiaux des enfants ne sont pas forcément « rectilignes ». Les données recueillies par l’Ined et l’Insee auprès des jeunes générations, comparées à leurs aînées, confirment bien que la proportion d’enfants vivant une transition familiale ne cesse d’augmenter. Une croissance qui ouvre un champ d’analyse sur la question du devenir social de ces enfants.
Quels sont les impacts à long terme des expériences vécues au sein du groupe domestique de l’enfance ? Comment les mesurer ? Quels mécanismes sont à l’œuvre et peut-on les expliquer ? L’objet de cet ouvrage est d’étudier la séparation des parents et la vie en famille désunie qui en résulte, comparés à la forme familiale normative : la famille dite « unie ». Les effets à long terme de la structure du groupe domestique de l’enfance constituent un objet digne d’intérêt, injustement laissé pour compte par la sociologie française. Les études françaises sur la famille ont mis en avant l’individualisation des valeurs et une attente d’autonomisation de l’individu au sein de l’espace familial pour expliquer la fragilité conjugale et la montée des divorces, occultant finalement sa fonction traditionnelle de transmission et de reproduction des valeurs. Les sociologues anglais et américains se sont en revanche plus intéressés aux effets à long terme des structures familiales de l’enfance et des conséquences du divorce.
La jeunesse est la transition entre la petite enfance, période de totale dépendance familiale, et l’âge adulte, d’autonomie affective et économique. La jeunesse s’étire aujourd’hui sur un temps plus long et elle est vécue très différemment que par le passé. Dans le respect de cette définition sociologique de la jeunesse, le matériau d’enquêtes exploité aborde ce temps comme une construction progressive, par expérimentation, du statut d’adulte. Les trois enquêtes utilisées sont l’enquête Passage à l’Âge adulte de l’Ined (1993) ainsi que les deux en-quêtes Jeunes de l’Insee de 1992 et 1997. Ces enquêtes donnent toutes une définition précise de la trajectoire familiale de l’enfance qui distingue les cas -suivants :
- la vie en famille nucléaire unie, avec les deux parents d’un premier et unique mariage ;
- la vie en famille dissociée du fait d’un décès parental ;
- la vie en famille monoparentale après un divorce ou une séparation ;
- la vie en famille « recomposée » avec un parent biologique et un beau-parent.
À partir de ces enquêtes, l’auteur relie les trajectoires familiales aux trajectoires de jeunesse, en respectant cette logique de construction progressive et peut ainsi déterminer les points d’impact les plus manifestes d’une dissociation familiale sur la scolarité et l’obtention d’un premier diplôme, et sur l’émancipation du foyer familial, l’entrée dans la vie active et le premier couple. Il raisonne de façon dynamique, à partir des trois dimensions fondamentales de la sociologie : l’âge, la génération et la période. Âge des changements, la jeunesse a elle-même connu des transformations accélérées ces dernières années. Vu sous cet angle, le thème, a priori spécialisé, de la sociologie du divorce peut mener à un brassage multidisciplinaire particulièrement riche et permettre de construire une sociologie des enfants de la désunion. L’auteur a, de manière ambitieuse, volontairement mêlé les données démographiques, la sociologie de la famille et du couple, les notions de mobilité sociale, d’économie et de politique publique.
Son approche d’analyse, à la fois sociologique et démographique, prend en compte la notion d’environnement familial avec, outre la situation familiale, l’origine sociale et le niveau d’études des deux parents. C’est un des nombreux éclairages de cette étude qui révèle la richesse potentielle des enquêtes institutionnelles, gisements sociodémographiques qui peuvent apporter, par la mise au jour de logiques biographiques, une meilleure connaissance du monde social.
Paul Archambault est docteur en sociodémographie et travaille dans une société spécialisée dans l’étude des comportements de consommation. Il a collaboré plusieurs années avec l’Ined sur les questions familiales.