En espérant un fils...
La masculinisation de la population chinoise
Collection : Cahiers
n° 165, 2010, 240 pages
Introduction
Première partie
Des discriminations démographiques visibles
Chapitre 1 • Une vue d’ensemble
Chapitre 2 • Pourquoi y a-t-il plus de garçons que de filles ?
Chapitre 3 • Une géographie des discriminations
Chapitre 4 • Les discriminations des filles dans l’enfance
Chapitre 5 • Des inégalités qui perdurent tout au long de la vie
Chapitre 6 • Un phénomène qui n’est pas propre à la Chine
Deuxième partie
Un système de normes et de valeurs qui favorise le masculin
Chapitre 7 • Le statut des femmes dans la société chinoise traditionnelle
Chapitre 8 • Femmes, féminisme et féminités
Chapitre 10 • Pratiques discriminatoires et facteurs de masculinisation
Chapitre 11 • Les raisons familiales et socioéconomiques de la discrimination
Conclusion générale
Pandi (littéralement : « en espérant un fils »), Laidi (« un garçon va suivre »), ou Yehao (« ça va aussi »), c’est ainsi que sont nommées, dans les campagnes chinoises, les fillettes qui ont eu la malchance de naître en lieu et place du fils tant attendu... Car en Chine, en dépit de la modernisation économique des dernières décennies, une fille reste investie d’une bien moindre valeur qu’un fils. Dans les représentations sociales, un garçon présente divers atouts inhérents à son sexe, dont les filles sont globalement dépourvues.
Victimes de leur statut dévalorisé, les filles naissent moins nombreuses qu’elles ne le devraient et meurent dans des proportions anormalement élevées. Ainsi, contrairement aux évolutions démographiques observées dans le reste du monde s’ensuit une masculinisation de la population chinoise, sa part masculine augmentant plus vite que sa part féminine.
D’un point de vue strictement démographique, la situation des Chinoises est donc, relativement à celles de hommes, l’une des plus mauvaises qui soient. Là est l’immense paradoxe de cette société en marche vers la modernisation. Alors que les Chinoises se sont largement émancipées depuis les années 1950, de graves atteintes sont portées à leur existence. La législation chinoise, pourtant explicite sur la question de la protection des droits des femmes, ne permet pas de garantir leur droit le plus élémentaire : celui de vivre.
Isabelle Attané est démographe à l’Ined, spécialiste des questions démographiques de la Chine et des pays asiatiques et travaille en particulier la fécondité, les questions de genre et le statut des femmes, les politiques de contrôle des naissances et la planification familiale.