Félicitation à Rébecca Lévy-Guillain pour sa thèse

17 Juin 2024

La culture du consentement : recompositions des rapports de genre et de la sexualité depuis MeToo

Résumé

Depuis le début du moment MeToo, la question du consentement sexuel devient centrale dans les débats publics et s’accompagne de la diffusion d’un modèle de « bonne » sexualité égalitaire, imprégné par les savoirs féministes et thérapeutiques. La sexualité et les rapports de genre s’en trouvent-ils transformés ? Au croisement de la sociologie du genre, de la sexualité et de la socialisation, et à partir de l’analyse d’un corpus de sources écrites et de la conduite de 130 entretiens biographiques auprès de femmes et d’hommes âgé.es de 18 à 65 ans issu.es de milieux sociaux différents, cette thèse s’intéresse aux réceptions individuelles socialement différenciées de la morale sexuelle égalitaire. Celles et ceux qui s’approprient la morale sexuelle égalitaire ont en commun d’avoir vécu des violences symboliques dont l’effet est intense ou durable, de trouver légitimes les savoirs féministes et thérapeutiques, et de se trouver dans des configurations relationnelles rendant possible le changement de leurs représentations. Bien que les hommes continuent de prendre les initiatives et que les femmes parviennent difficilement à dire non, elles et ils problématisent dorénavant l’inadéquation entre leurs pratiques et leurs aspirations morales. Les hommes résolvent rapidement cette dissonance et déploient des stratégies de présentation de soi pourvoyeuses de prestige. Les femmes en revanche s’engagent dans des spirales d’autodévalorisation qui limitent leur latitude d’action et cherchent activement à mettre en cohérence leurs conduites sexuelles avec leur idéologie. Le contrôle de la sexualité féminine ainsi que les inégalités de genre sont alors reconduits sous de nouvelles formes.

Le jury était composé de :

Marie Bergström, chargée de recherche, Ined (codirectrice)

Sébastien Chauvin, professeur associé, Université de Lausanne

Marta Domínguez-Folgueras, associate professor, Sciences Po (cordirectrice)

Christophe Giraud, professeur des universités, Université Paris Cité (rapporteur)

Camille Masclet, chargée de recherche, CNRS/EHESS/CESSP

Emmanuelle Santelli, directrice de recherche, CNRS/Centre Max Weber (rapportrice)