Félicitation à Jonas Poucineau pour sa thèse

12 Septembre 2024

Impact direct et indirect de la pandémie de Covid-19 sur la prise en charge hospitalière et la mortalité de patients atteints de maladies pulmonaires chroniques : le cas de la BPCO et du cancer du poumon

réalisée sous la direction de Myriam Khlat et Sophie Le Cœur, Directrices de recherche à l’Ined.

Résumé

La pandémie de Covid-19 a conduit à une réorganisation de l’offre de soins en France, avec des conséquences sur le recours aux soins et la santé des patients atteints de pathologies chroniques. Cette thèse consiste à analyser, à partir des données médico-administratives du Système national des données de santé (SNDS), les effets directs et indirects de la crise sanitaire sur les patients atteints de deux pathologies pulmonaires : la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et le cancer du poumon. Il vise à étudier, par différentes approches méthodologiques, la mortalité et le recours aux soins des patients au cours de la période pandémique, en comparaison avec la période pré-pandémique, et en tenant compte des tendances temporelles et saisonnières. Les deux pathologies d’étude, la BPCO et le cancer du poumon, de par leurs différences en termes de profil clinique, de vitesse d’évolution de la maladie et de mode de recours aux soins, permettent d’analyser les effets de la pandémie sous deux angles complémentaires.

Le premier axe de la thèse porte sur les hospitalisations pour exacerbation aigüe de BPCO entre 2016 et 2023. Il montre que le nombre de séjours a fortement baissé pendant la pandémie, jusqu’à l’automne 2022, et que le taux de mortalité intra-hospitalière a augmenté de façon concomitante. Les résultats suggèrent une modification des modes de prises en charge et une réduction de l’incidence des exacerbations, en raison d’une moindre exposition aux virus respiratoires.

Le deuxième axe analyse la mortalité des patients atteints de BPCO entre 2017 et 2020, en comparaison avec une population témoin. En 2020, les patients atteints de BPCO ont connu une moindre augmentation de la mortalité toutes causes, malgré un taux de décès par Covid-19 deux fois plus élevé. La mortalité hors Covid-19 a diminué chez ces patients, reflétant un possible effet de moisson et un probable effet protecteur des mesures sanitaires.
Le troisième axe aborde l’évolution du nombre de diagnostics de cancer du poumon et de la mortalité toutes causes des patients entre 2013 et 2021. Il révèle un déficit du nombre de cas incidents lors de la première vague pandémique par rapport aux prédictions basées sur les tendances pré-pandémiques, sans rattrapage dans les mois suivant, indiquant qu’un certain nombre de patients sont probablement décédés avant d’avoir été diagnostiqués. Une légère surmortalité a été observée pour les patients diagnostiqués pendant cette période, illustrant un possible effet néfaste des retards de diagnostic dus à la surcharge des hôpitaux.

Le jury était composé de :

Pr. Nicolas Roche, PU-PH, Université Paris Cité-Hôpital Cochin (Président)
Dr. Philippe-Jean Bousquet, Directeur général, GIP CAD (Rapporteur et examinateur)
Pr. Olivier Robineau, PU-PH, Université de Lille ( Rapporteur et examinateur)
Dr. Moussa Laanani, Médecin épidémiologiste, CNAM (Examinateur)
Dr. Myriam Khlat, Directrice de rechereche (Co-directrice de thèse)
Dr. Sophie Le Cœur, Directrice de rechereche (Co-directrice de thèse)