L’école et ses minorités
- Le rapport à l’école des familles immigrées : enquête dans
quatre lycées de la banlieue populaire
- Les parcours des élèves dans le secondaire : différenciation et
polarisation selon l’origine
Séminaire de l’Unité « Migrations internationales et minorités
»
Le rapport à l’école des familles immigrées : enquête
dans quatre lycées de la banlieue populaire
Matieu Ichou (Sciences Po, OSC) et Marco
Oberti (Sciences Po, OSC)
A partir d’une enquête par questionnaire menée auprès des
parents des lycéens de quatre communes populaires de la
Seine-Saint-Denis, nous proposons ici de prolonger et d’élargir les
réflexions déjà engagées dans d’autres travaux sur les effets de
l’origine sur le rapport à l’école. Cette enquête porte sur des
contextes scolaires spécifiques dont la localisation dans des zones
urbaines défavorisées à forte concentration de populations
immigrées ou d’origine immigrée est un élément essentiel à la fois
de leur forte stigmatisation et de leur sélection pour
l’implantation de programmes de « discrimination positive ».
L’organisation d’un questionnaire ad hoc a permis de définir plus
finement l’origine des parents et de distinguer différents aspects
du rapport à la scolarité : entraide éducative de proximité,
perception du niveau scolaire et aspirations, implication dans la
scolarité, recherche d’information et connaissance des programmes
Sciences Po. Nous nous centrerons sur les effets de cette variable
« origine », en tenant compte de ses interdépendances avec d’autres
variables classiques en sociologie.
Les relations des familles à la scolarité apparaissent très
diversifiées même au sein de milieux sociaux similaires, en
particulier dans des quartiers populaires. L’origine des parents
permet-elle d’expliquer, au moins partiellement, la variation des
rapports à l’école au sein d’un même milieu social ? L’origine
seule introduit-elle des différences significatives ? Agit-elle de
façon originale en se combinant avec d’autres variables ?
Si l’origine migratoire a des effets propres incontestables, les
interactions avec le diplôme de la mère et le contexte
socio-scolaire sont à la fois moins significatifs et plus complexes
à interpréter.
Les parcours des élèves dans le secondaire :
différenciation et polarisation selon l’origine
Yael Brinbaum (Iredu, Université de Bourgogne, CMH
et INED) et Annick Kieffer (CMH, CNRS)
Cette présentation revient sur le débat sur les scolarités des enfants d’immigrés en France, grâce à l’exploitation des données du panel des élèves entrés en 6e en 1995. Les inégalités d’éducation selon les origines migratoires et sociales sont analysées à partir des performances, des orientations successives, puis des diplômes obtenus. Nous confirmons les difficultés scolaires des enfants d’immigrés, les garçons plus que les filles et soulignons la relative proximité entre ces jeunes et leurs condisciples Français d’origine de même milieu socioprofessionnel. Les sorties précoces du système scolaire résultent moins d’un « décrochage » scolaire que des échecs aux examens chez les jeunes d’origine maghrébine. Plus de la moitié des élèves de la cohorte obtiennent un baccalauréat, plutôt technologique ou professionnel. On observe une différenciation des parcours selon l’origine et une polarisation sexuée.
Discutante : Françoise Lorcerie (IREMAM, CNRS)