Integration into Europe: Identifying a Muslim Effect
Séminaire de l’Unité Migrations Internationales et Minorités (2010) Ethnicité et ‘race’ : concepts, classifications, usages scientifiques et politiques Dans le cadre du programme "Egalité des chances" de Sciences Po et de la French-American Foundation
Conférence de David Laitin (Stanford) et Marie-Anne Valfort
(Paris 1)
La communication porte sur deux questions : est-ce que les
Musulmans en France rencontrent des obstacles dans leur accès au
marché de l’emploi qu’ils n’auraient pas eu, à compétences et
origines comparables, s’ils n’étaient pas musulmans ? Et le cas
échéant, quels sont les mécanismes qui les pénalisent ? Les
recherches antérieures consacrées aux discriminations dans l’emploi
ont le plus souvent assimilé religion et pays de naissance, ce qui
ne permettait pas d’identifier un effet spécifique de la religion.
La stratégie d’identification utilisée dans cette recherche a
consisté à comparer la situation de deux groupes de Sénégalais,
descendants d’immigrés, d’origine musulmane pour le premier et
catholique pour le second, ce qui permet de contrôler l’effet du
pays d’origine des parents. Utilisant un testing, une enquête sur
large échantillon et une série d’enquêtes expérimentales par jeux
de rôles à Paris, l’étude observe des discriminations
significatives envers les candidats musulmans (testing) et un écart
correspondant dans les revenus des ménages en faveur des Chrétiens.
Les premiers résultats des enquêtes expérimentales par jeux de
rôles semblent indiquer une discrimination statistique pratiquée
par les « Français d’origine » (et pas une discrimination par goût,
selon la catégorisation proposée par Becker), une plus grande
disposition des Chrétiens Sénégalais à entrer en coopération avec
les « Français d’origine » et une discrimination de genre pratiquée
par les participants musulmans. L’étude révèle que l’idéal
républicain de neutralité de la religion n’est pas accompli.
Le rapport « Les musulmans en France sont-ils les
laissés-pour-compte de l’intégration ? » de Claire Adida
(Université de Stanford), David Laitin (Université de Stanford) et
Marie-Anne Valfort (Paris I) sera disponible à partir du 22 mars
2010 sur http://frenchamerican.org/cms/laitin_fr
Discutante : Mirna Safi (OSC- Sciences Po)
David Laitin est Professeur de science politique à l’Université de
Stanford. Son domaine de recherche principal est la politisation
des clivages religieux, linguistiques, ethniques et nationaux dans
des contextes variés. Il a mené des études de terrain en Somalie,
au Yorubaland (Nigéria), en Catalogne et en Estonie. Il est
l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels Nations, States, and
Violence (Oxford University Press, 2007), Identity in Formation:
The Russian-speaking Populations in the Near Abroad (Cornell
University Press, 1998), Language Repertoires and State
Construction in Africa (Cambridge University Press, 1992), Hegemony
and Culture: Politics and Religious Change Among the Yoruba
(University of Chicago Press, 1986) et Politics, Language and
Thought: The Somali Experience (University of Chicago Press, 1977).
Plus récemment, en collaboration avec Alan Krueger et Eli Berman,
il s’est intéressé aux fondements organisationnels des
attentats-suicide. David Laitin a été élu à l’American Academy of
Arts and Sciences en 1995, puis à la National Academy of Sciences
en 2007. Il est membre du Scientific Advisory Board de Sciences
Po.
Marie-Anne Valfort est Maître de Conférences en Sciences Economiques depuis septembre 2008 à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Elle est titulaire d’un doctorat de l’Ecole Polytechnique (2007) qu’elle a consacré à l’altruisme que les citoyens expriment à travers leur vote, dans différents contextes de démocratie.
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