Integration into Europe: Identifying a Muslim Effect

le Mardi 16 Mars 2010 à l’Ined, salle Sauvy de 16h00 à 18h00

Séminaire de l’Unité Migrations Internationales et Minorités (2010) Ethnicité et ‘race’ : concepts, classifications, usages scientifiques et politiques Dans le cadre du programme "Egalité des chances" de Sciences Po et de la French-American Foundation

Conférence de David Laitin (Stanford) et Marie-Anne Valfort (Paris 1)

La communication porte sur deux questions : est-ce que les Musulmans en France rencontrent des obstacles dans leur accès au marché de l’emploi qu’ils n’auraient pas eu, à compétences et origines comparables, s’ils n’étaient pas musulmans ? Et le cas échéant, quels sont les mécanismes qui les pénalisent ? Les recherches antérieures consacrées aux discriminations dans l’emploi ont le plus souvent assimilé religion et pays de naissance, ce qui ne permettait pas d’identifier un effet spécifique de la religion. La stratégie d’identification utilisée dans cette recherche a consisté à comparer la situation de deux groupes de Sénégalais, descendants d’immigrés, d’origine musulmane pour le premier et catholique pour le second, ce qui permet de contrôler l’effet du pays d’origine des parents. Utilisant un testing, une enquête sur large échantillon et une série d’enquêtes expérimentales par jeux de rôles à Paris, l’étude observe des discriminations significatives envers les candidats musulmans (testing) et un écart correspondant dans les revenus des ménages en faveur des Chrétiens. Les premiers résultats des enquêtes expérimentales par jeux de rôles semblent indiquer une discrimination statistique pratiquée par les « Français d’origine » (et pas une discrimination par goût, selon la catégorisation proposée par Becker), une plus grande disposition des Chrétiens Sénégalais à entrer en coopération avec les « Français d’origine » et une discrimination de genre pratiquée par les participants musulmans. L’étude révèle que l’idéal républicain de neutralité de la religion n’est pas accompli.

Le rapport « Les musulmans en France sont-ils les laissés-pour-compte de l’intégration ? » de Claire Adida (Université de Stanford), David Laitin (Université de Stanford) et Marie-Anne Valfort (Paris I) sera disponible à partir du 22 mars 2010 sur http://frenchamerican.org/cms/laitin_fr

Discutante : Mirna Safi (OSC- Sciences Po)

David Laitin est Professeur de science politique à l’Université de Stanford. Son domaine de recherche principal est la politisation des clivages religieux, linguistiques, ethniques et nationaux dans des contextes variés. Il a mené des études de terrain en Somalie, au Yorubaland (Nigéria), en Catalogne et en Estonie. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels Nations, States, and Violence (Oxford University Press, 2007), Identity in Formation: The Russian-speaking Populations in the Near Abroad (Cornell University Press, 1998), Language Repertoires and State Construction in Africa (Cambridge University Press, 1992), Hegemony and Culture: Politics and Religious Change Among the Yoruba (University of Chicago Press, 1986) et Politics, Language and Thought: The Somali Experience (University of Chicago Press, 1977). Plus récemment, en collaboration avec Alan Krueger et Eli Berman, il s’est intéressé aux fondements organisationnels des attentats-suicide. David Laitin a été élu à l’American Academy of Arts and Sciences en 1995, puis à la National Academy of Sciences en 2007. Il est membre du Scientific Advisory Board de Sciences Po.

Marie-Anne Valfort est Maître de Conférences en Sciences Economiques depuis septembre 2008 à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Elle est titulaire d’un doctorat de l’Ecole Polytechnique (2007) qu’elle a consacré à l’altruisme que les citoyens expriment à travers leur vote, dans différents contextes de démocratie.

Conférence en anglais