Hommes et femmes dans le logement : ordre sexué et lutte pour la territorialisation
Discutant : Olivier Schwartz (Université Paris Descartes, Cerlis)
Intervenant-e-s :
- Thomas Pfirsch (Université de Valenciennes, laboratoire Géographie-cités) : Genre, usages et transmission des logements de famille dans les classes supérieures : regards croisés France-Italie
- Jennifer BIDET (CMH) : Logiques sexuées des modes d’appropriation des « maisons du bled » de descendant-e-s d’immigrés algériens : analyse de configurations différenciées
- Anaïs Albert (Université Paris 1, Panthéon Sorbonne) : De l’appartement aux parties communes : territoires de genre et de classe dans les immeubles populaires parisiens à la Belle Epoque
- Benoit Coquard (EHESS/Gresco): Des hommes au foyer. Le repli domestique en milieu populaire rural
- Colin Giraud (université Paris-Ouest Nanterre, Sophiapol) : Un habiter gay ? Les gentrifieurs, les gays et leur logement
- Pauline Gaullier (Lab’urba) : L’entrée de la puissance publique dans le logement pour agir sur les rapports entre hommes et femmes : l’exemple de la décohabitation des familles polygames
Cycle de Journées d’étude de l’INED, UR6 « Femmes et habitat : une question de genre ? »
Quarante ans après les premières études féministes qui ont contribué à « politiser » l’intime (Delphy, 1975), le rôle du logement dans la production des rapports de pouvoir entre les femmes et les hommes n’est, aujourd’hui, plus questionné. D’un côté, avec l’institutionnalisation des recherches sur le genre, les sociologues, démographes et politistes sortent de l’espace domestique et de l’intimité des couples pour majoritairement saisir les rapports de pouvoir dans les écoles, les entreprises, les partis politiques, la sphère publique (Clair, 2012 ; Béréni et al., 2012). De l’autre côté, les sociologues de l’urbain tiennent peu compte du genre dans l’analyse de la production de l’espace résidentiel et de ses usages, qu’ils s’inscrivent dans la tradition de l’Ecole de Chicago, privilégiant l’analyse des processus migratoires et des rapports sociaux de race, ou dans le courant de la sociologie urbaine marxiste qui s’est développée en France dans les années 1970, faisant des rapports de production et de l’appartenance de classe la principale grille de lecture (Park et Burgess, 1925 ; Grafmeyer et Joseph, 1984 ; Amiot, 1986 ; Topalov, 1987, 2013).
La fécondité des travaux contemporains qui interrogent le rôle de l’espace résidentiel dans la production des identités sexuées des groupes minorisés, gays et lesbiens notamment, invite, par la perspective nouvelle qu’ils proposent, à revisiter plus largement les dimensions spatiales du genre (Courduries, 2008 ; Giraud, 2010 ; Alessandrin et Raibaud, 2013 ; Tissot, 2013).
L’objectif de ces journées d’études est, ainsi, d’analyser la manière dont le logement contribue à la (re)production des identités sexuées et à la recomposition des rapports de pouvoir entre les femmes et les hommes, à l’aune des transformations qui affectent la société française contemporaine : progression des divorces et des familles recomposées, reconnaissance juridique des unions de même sexe, mais aussi crise du logement dans les grandes agglomérations, montée des inégalités socio-économiques dans la sphère du travail et de l’emploi. Considérant le logement dans ses différentes dimensions – matérielles, symboliques, économiques -, ces journées doivent permettre de dresser un état des lieux des travaux empiriques et théoriques qui articulent logement et rapports de genre, pour éclairer les formes de recomposition des inégalités entre les femmes et les hommes et proposer de nouvelles perspectives de recherche.