Héberger ou reloger les personnes sans-domicile ? L’accès au logement entre droit fondamental, « capacité à habiter » et travail de socialisation à l’autonomie.

A partir d’une enquête menée dans différents dispositifs d’accompagnement et de soin dédiés aux personnes sans-domicile, cette présentation explore certains des paradoxes qui traversent le travail de prise en charge de la « question SDF ». Elle se focalise sur les représentations et les pratiques professionnelles qui structurent l’accompagnement vis-à-vis du logement, et étudie leurs effets sur les trajectoires des personnes accueillies au sein de centres d’hébergement. En particulier, l’analyse revient sur une double tension qui caractérise le travail mis en œuvre. La première se rapporte au logement, à propos duquel deux conceptions tendent à s’opposer : celle qui fait du logement un droit fondamental, et celle qui l’envisage comme la sanction d’une « capacité à habiter ». La seconde se rapporte à l’hébergement : celui-ci peut être envisagé comme un support de socialisation à l’autonomie ou à l’inverse, comme un dispositif qui tend à ancrer les usagers – en les « chronicisant », selon les termes des personnes enquêtées. Ce faisant, on éclaire les ressorts et les conditions de mise en œuvre des politiques de prise en charge des personnes sans-domicile en France et de leurs effets, ce alors que la politique du « logement d’abord » tend à s’imposer comme la principale réponse apportée à la question SDF.