Femmes et habitat : une question de genre ?
Cycle de journées d’étude
Les interventions de Susanna Magri et de Michel Bozon seront
suivies d’une présentation des journées et d’un pot de
lancement.
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sorya.le-forestier@ined.fr
Quarante ans après les premières études féministes qui ont
contribué à « politiser » l’intime (Delphy, 1975), le
rôle du logement dans la production des rapports de pouvoir entre
les femmes et les hommes n’est, aujourd’hui, plus étudié. D’un
côté, avec l’institutionnalisation des recherches sur le genre, les
sociologues, démographes et politistes sortent de l’espace
domestique et de l’intimité des couples pour majoritairement saisir
les rapports de pouvoir dans les écoles, les entreprises, les
partis politiques, la sphère publique (Clair, 2012 ; Bereni et
al., 2012). De l’autre côté, les sociologues de l’urbain tiennent
peu compte du genre dans l’analyse de la production de l’espace
résidentiel et de ses usages. Certains, dans la tradition de
l’Ecole de Chicago, privilégient l’analyse des processus
migratoires et des rapports sociaux de race (Park et Burgess,
1925 ; Grafmeyer et Joseph, 1984). D’autres, dans le courant
de la sociologie urbaine marxiste qui s’est développée en France
dans les années 1970, font des rapports de production et de
l’appartenance de classe la principale grille de lecture (Amiot,
1989 ; Topalov, 1987, 2013).
L’objectif de ces journées d’études est, ainsi, d’analyser la
manière dont le logement contribue à la (re)production des
identités sexuées et à la recomposition des rapports de pouvoir
entre les femmes et les hommes, à l’aune des transformations qui
affectent la société française contemporaine : progression des
divorces et des familles recomposées, reconnaissance juridique des
unions de même sexe, mais aussi crise du logement dans les grandes
agglomérations, montée des inégalités socio-économiques dans la
sphère du travail et de l’emploi. Considérant le logement dans ses
différentes dimensions - matérielles, symboliques, économiques -,
ces journées doivent permettre de dresser un état des lieux des
travaux empiriques et théoriques qui articulent logement et
rapports de genre, pour éclairer les formes de recomposition des
inégalités entre les femmes et les hommes et proposer de nouvelles
perspectives de recherche.