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L’émergence du logement flexible et financiarisé en ville - Étude à partir du coliving bruxellois
La thèse dont est issue la présentation s’intéresse à la financiarisation du marché locatif privé, en interaction avec les trajectoires résidentielles des jeunes adultes des classes intermédiaires et supérieures. À l’aide de techniques qualitatives et quantitatives, elle réalise une « étude de cas élargie » (Burawoy, 1998) sur la niche immobilière du coliving bruxellois, une forme de logement partagée meublée de standing accueillant majoritairement de jeunes expatrié·es pour de relativement courtes périodes. Cette méthode permet de passer du micro au macro : l’intérêt de la recherche réside dans l’étude détaillée de ce secteur immobilier, mais aussi et surtout dans les éclairages qu’elle apporte sur des transformations plus larges du logement et des trajectoires résidentielles des jeunes adultes. Pour ce faire, la thèse a documenté quatre facettes du coliving bruxellois : le coliving en tant que produit résidentiel, son modèle économique et les acteurs privés qui l’organisent, sa régulation par les pouvoirs publics et les profils et pratiques de ses locataires. La présentation se focalisera principalement sur le premier et le dernier de ces aspects.
La présentation montrera d’abord comment le coliving représente une déclinaison du logement de type étudiant à destination des jeunes adultes. Pour le rendre attractif, les opérateurs promeuvent un accès facilité au logement partagé, un entre-soi communautaire et inspirant, et une vie branchée dans des quartiers valorisés. En retour, ils peuvent profiter de rendements attractifs par des loyers élevés, des délais de développement courts, des logiques de réduction des coûts et une adaptation géographique de l’offre en fonction des opportunités à l’échelle internationale et intra-urbaine.
Ensuite, l’exposé explorera la fonction du coliving comme logement transitoire à destination des jeunes expatrié·es présent·es à Bruxelles. Pour la plupart de ces jeunes adultes, il s’agit de leur premier logement à Bruxelles, ville où ils ne disposent pas de réseaux sociaux au départ. À leur arrivée, ces résident·es cherchent d’abord un logement partagé par crainte de l’isolement et donc pour nouer des relations sociales. Ensuite, leurs modalités de recherche et leur difficile insertion au sein de la colocation classique les conduisent à opter pour le coliving. Cet arbitrage est renforcé par des préférences culturelles auxquelles répond le coliving : une certaine intimité via les salles de bain individuelles, un entre-soi offrant une sociabilité facilitée et un décor attirant. Les établissements de coliving deviennent le support d’une sociabilité accélérée grâce à différents dispositifs mis en place par leurs opérateurs. Le coliving témoigne de cette manière des contraintes pesant sur les trajectoires résidentielles des jeunes adultes liées à la flexibilisation du marché du travail, qui se matérialisent notamment par des carrières professionnelles incertaines et mobiles.
Intervenante : Charlotte Casier, doctorante en géographie et chercheure à l’Université Libre de Bruxelles
Discutante : Francesca Artioli, Maîtresse de conférences, Université Paris Est-Créteil, Ecole d’Urbanisme de Paris et Lab’Urba