Dividende démographique et fécondité en Afrique Subsaharienne
Le colloque est organisé par l’Ined (Unité DEMOSUD), l’Académie des Sciences (COPED), l’IRD et l’UMR 201 (Université Paris 1 & IRD) en partenariat avec l’Agence Française de Développement (AFD).
Comité d’organisation : Romain André (AFD), Géraldine Duthé (Ined), Jean-Pierre Guengant (IRD, UMR 201), Véronique Hertrich (Ined), Mathias Kuepie (AFD), Henri Leridon (Ined & Académie des sciences) et Clémentine Rossier (Université de Genève & Ined).
Infos pratiques
La première journée se tiendra à l’AFD, immeuble Mistral, 3 Place Louis-Armand, 75012 (parvis de la Gare de Lyon). La seconde journée se tiendra à l’Ined, 133 bd Davout 75020.
La croissance démographique se poursuit à un rythme soutenu en Afrique subsaharienne (ASS) : la mortalité juvénile diminue depuis les années 1950, mais la baisse de la fécondité amorcée à la fin des années 1980 reste lente. Cependant les situations sont diverses : certains pays ont déjà vu leur fécondité baisser fortement, alors que dans d’autres elle se maintient à des niveaux très élevés ou a cessé de baisser prématurément. Il faut s’interroger à la fois sur les causes de cette évolution atypique, et sur les enjeux économiques, sociaux et politiques qu’elle implique. partout dans le monde, le développement socio-économique est considéré comme une force motrice de la transition de la fécondité. Parmi les facteurs les plus souvent cités, on peut retenir la baisse de la mortalité juvénile, l’urbanisation, le niveau d’instruction et le statut des femmes, ainsi que le désir d’investir dans la scolarisation des enfants. Les normes en matière de taille de la famille jouent également un rôle, ainsi que la diffusion des connaissances et l’accès aux méthodes de contraception moderne : les souhaits d’enfants restent particulièrement élevés sur le continent, tout comme les besoins non-satisfaits de contraception. Il est donc indispensable de s’interroger sur les attentes et projets de fécondité des couples, c’est-à-dire sur les facteurs qui pèsent sur la demande d’enfants, sur les arbitrages et processus de décision au sein des couples, et finalement sur le fait d’adopter une pratique contraceptive ou d’y renoncer. Côté conséquences, on met souvent en avant la portée des changements de la structure par âge. La baisse de la mortalité juvénile a créé sur le continent des cohortes de jeunes très nombreuses. La moitié de la population d’ASS a aujourd’hui moins de 18 ans, ce qui pèse lourdement sur les investissements publics en termes de scolarisation, d’accès aux soins, ainsi que sur l’accès à l’emploi. La baisse de la fécondité réduira cependant progressivement cette proportion.
En étudiant les transitions démographiques et économiques de certains pays d’Asie, on a pu montrer dès la fin des années 1990 que ces modifications de la structure par âge peuvent conduire à un avantage économique temporaire, le « dividende démographique » : ces cohortes d’adultes ayant peu de dépendants (jeunes et vieux) à leur charge, s’ils bénéficient d’un contexte économique et institutionnel favorable, investissent dans le capital humain de leurs enfants et épargnent, ce qui booste la croissance économique. Pour bénéficier de ce « dividende », la fécondité doit au préalable amorcer une baisse significative. Ce qui pose, comme on l’a dit, la question des raisons du maintien d’une fécondité élevée en ASS. Les modalités de réalisation du dividende seront sans doute propres à l’Afrique, et variables d’une région à une autre. On examinera, au cours de la première journée, les spécificités du dividende démographique en Afrique subsaharienne. La seconde journée s’intéressera aux projets de fécondité des couples pour mieux comprendre les évolutions de fécondité observées dans cette région du monde.