Comment progresse l’accès à l’avortement dans des contextes restrictifs ? Perspectives historiques et internationales
Journée Pôle Suds co-organisée avec le Ceped et l’Université de Genève
Organisateurs/trices : Fabrice Cahen (Ined), Agnès Guillaume (IRD/CEPED), Clémentine Rossier (Université de Genève/ Ined)
La question de l’avortement est souvent abordée à partir de l’étude comparative des législations en vigueur de par le monde, ou de l’exposé des « arguments » pour ou contre la légalisation que se renvoient les différents protagonistes. Ces aspects du problème tendent à masquer les jeux d’acteurs et le déploiement de stratégies concrètes qui permettent aujourd’hui comme par le passé d’améliorer sur le terrain l’accès à l’avortement sécurisé dans des contextes légaux restrictifs.
L’histoire est particulièrement pertinente pour éclairer le présent à cet égard. Elle invite notamment à constater que l’interdiction de l’avortement, bien qu’ayant de lourdes conséquences sur la santé et la vie des femmes n’a jamais empêché sa pratique. Dans toutes les sociétés étudiées, les acteurs et actrices ont déployé une ingéniosité, mis en œuvre des dispositifs, élaboré des formes d’organisation dont se rapprochent beaucoup, malgré les changements technologiques, certaines situations présentes.
L’apparent statu quo légal qui, d’un point de vue très global, prévaut depuis la fin du XXe siècle cache des situations diverses en matière d’accès effectif et sécurisé à l’avortement.
Dans les faits l’accès effectif à l’avortement dépend beaucoup d’initiatives locales, de stratégies ancrées sur le terrain et peu visibles, et cela d’autant plus qu’elles demeurent clandestines. Ces formes d’action ont pour effet d’améliorer concrètement les conditions de recours à l’interruption de grossesse et, peut-être, à plus long terme, de faire évoluer les mentalités sinon la réglementation. L’incitation internationale à l’amélioration des soins post-abortum permet de former des praticiens aux techniques actuelles d’évacuation utérine ; ces praticiens peuvent ensuite utiliser les utiliser pour interrompre des grossesses. La diffusion de nouveaux médicaments abortifs vendus à travers différents canaux (réseaux formels, informels et/ou numériques de vente et d’information) facilite le recours à l’avortement.
Une question peut alors être posée : ces évolutions discrètes peuvent-elles ouvrir des brèches significatives ? Les systèmes de contournement sont-ils aussi efficaces que les combats politico-juridico-législatif pour garantir une évolution durable de l’accès à l’avortement ? Les premiers favorisent-ils les seconds ou sont-ils de nature à les désactiver ?