Atelier international sur l’utilisation d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs dans les politiques d’intégration

Du 25 au 26 Mai 2009 à l’Ined

Appel à communications jusqu’au 15 février 2009

Les politiques sociales font une utilisation croissante d’indicateurs statistiques, que ce soit pour établir des diagnostics, établir des objectifs ou évaluer leur réalisation. Ce constat général est cependant à nuancer en fonction des domaines concernés, certains se prêtant plus que d’autres à la quantification. Les politiques d’intégration relèvent certainement de cette catégorie de politiques difficiles à quantifier, au moins jusqu’à une période récente. Leur philosophie s’appuyait principalement sur une approche qualitative des résultats à obtenir, le plus souvent formulé en termes de participation des immigrés ou des minorités ethniques à la société, ainsi que de leur partage des « valeurs fondamentales » en cours dans les sociétés de résidence. La conception de ces politiques répondait à des objectifs normatifs qui s’inspiraient de façon relativement lointaine des résultats des travaux en sciences sociales.

Ce cadre de relations distantes entre recherches en sciences sociales et production de politiques d’intégration évolue rapidement sous une double pression. D’une part, la demande de travaux de recherche pour fonder les politiques d’intégration s’est faite croissante dans de nombreux pays et la circulation des concepts et résultats de recherches empiriques entre les milieux scientifiques et les décideurs politiques s’est accélérée. Les espaces d’échange et de confrontation se sont multipliés, tandis que des organisations intermédiaires construisent des ponts entre ces milieux : think tanks, fondations privées ou publiques, agences de financement nationales et internationales, programmes associant chercheurs et utilisateurs, etc. D’autre part, l’utilisation croissante de « critères d’intégration » dans la gestion légale des immigrés - ce que l’on pourrait appeler la « gouvernance de l’intégration » - a renforcé les incitations à produire des indicateurs, ces derniers n’étant plus seulement utilisés pour décrire la situation collective de groupes d’immigrés ou de minorités ethniques dans les sociétés concernées, mais aussi à un niveau individuel pour attribuer des droits au séjour. Plusieurs pays européens ont ainsi conditionné la délivrance de titres de séjour à des critères d’intégration tels qu’un degré spécifié de maîtrise de la langue. Des connaissances du cadre culturel et social des sociétés d’installation sont également requises, que ce soit pour le droit au séjour ou plus encore, pour l’acquisition de la nationalité. L’articulation entre « intégration » et accès aux droits constitue ainsi l’une des évolutions importantes caractérisant les relations entre approche scientifique de l’intégration et usages politiques et légaux du concept.

Ce second séminaire du comité scientifique de l’UIESP sur « l’intégration des immigrés » regroupera les communications traitant des relations entre les approches politiques et scientifiques de l’intégration, aussi bien du point de vue de leurs influences réciproques (comment la recherche modifie les politiques d’intégration et comment la commande politique formate la recherche sur l’intégration) que des formes concrètes d’usage de données quantitatives ou qualitatives dans la mise en œuvre des politiques. Les travaux présentés pourront être théoriques ou empiriques, et relèveront de différentes disciplines : histoire, démographie, sciences politiques, sociologie, anthropologie, droit, etc. Les communications proposées peuvent se tenir à des échelles nationales ou régionale, ou avoir une visée comparative. En raison du calendrier très court pour soumettre une proposition, le séminaire est ouvert à des recherches en cours.