Violences sexuelles et santé mentale
Violences sexuelles et santé mentale
Intervenante : Claire Scodellaro (maîtresse de conférences en démographie à l’Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne (IDUP), directrice de l’Ecole HED) ; discutante : Emilie Counil (chargée de recherche Ined à l’UR05)
Les corrélations entre les violences sexuelles subies et les problèmes de santé mentale sont bien documentées mais les mécanismes socio-démographiques à l’œuvre restent assez peu connus. Si la distinction est souvent faite entre violences dans l’enfance et violences à l’âge adulte, l’effet de l’âge exact de survenue des violences est rarement évalué. En outre, selon la logique du continuum des violences, celles-ci peuvent se cumuler au cours de la vie, prendre différentes formes -physiques et psychologiques, en plus de sexuelles- et survenir dans différentes sphères, ce qui est susceptible d’aggraver l’effet des violences sexuelles sur la santé mentale. Enfin, les violences sexuelles sont souvent approchées comme des expériences uniformes alors qu’elles sont façonnées socialement et que leur effet sur la santé peut s’en ressentir.
Dans cette communication, nous utilisons les données de l’enquête Virage en population générale (Violences et rapport de genre, INED, 2015) et nous focalisons sur les viols et tentatives de viol. Dans un premier temps, nous nous intéressons aux tentatives de suicide et montrons que le risque de tentative de suicide est d’autant plus élevé que les violences sexuelles ont été subies à de jeunes âges. Cependant, c’est aussi l’exposition à d’autres types de violences qui contribue au passage à l’acte. Dans un second temps, nous nous focalisons sur les femmes ayant déclaré un viol dans la famille et sur leur risque de dépression. Nous mettons en évidence la corrélation entre silenciation des victimes, sentiment de honte, et cumul des violences d’une part et dépression au moment de l’enquête d’autre part.
Biographie de Claire Scodellaro
Claire Scodellaro est maîtresse de conférences en démographie à l’Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne (IDUP), directrice de l’Ecole des Hautes Etudes en Démographie (HED) et anciennement chercheuse associée à l’INED. Elle travaille sur les rapports sociaux de genre, classe et âge et leurs effets sur la santé. Grâce à l’enquête Virage (INED, 2015), elle étudie comment les rapports sociaux qui se manifestent dans les violences affectent la santé, et plus particulièrement la santé mentale.