Vieillissement et croissance des dépenses de santé : réévaluer l’influence de la démographie

le Lundi 29 Mai 2006 à l’INED, Salle Sauvy.

"Vieillissement et croissance des dépenses de santé : réévaluer l’influence de la démographie".
Discutant : Catherine Sermet (Irdes).

La croissance des dépenses de santé dans un pays donné peut provenir de trois facteurs : l'augmentation de la population totale, les changements de la structure démographique, et enfin les variations du niveau de dépense moyen par âge. On constate dans la littérature (et cela est confirmé sur nos données françaises) que les deux premiers facteurs ont une importance certes significative, mais relativement faible par rapport au troisième. Nous proposons ici une méthode originale de microsimulations expliquant les variations du profil moyen de dépense par âge entre 1992 et 2000. Nous travaillons sur données micro (l'Appariement ESPS-EPAS, construit par l'IRDES) afin d'évaluer dans cette variation l'importance respective des changements de morbidité et de pratiques, afin de les comparer aux effets des changements démographiques observés entre ces deux années.

On étudie séparément les dépenses individuelles de consultation, de pharmacie, et d'hôpital. La variation du profil moyen par âge de chaque type de dépense est décomposée en trois étapes incrémentales : les changements de pratiques, les changements de morbidité, et enfin les autres changements (caractéristiques socio-économiques notamment). Les profils simulés obtenus montrent que les changements de morbidité font baisser la dépense moyenne, alors que les changements de pratiques poussent le profil vers le haut.


Ces profils simulés sont ensuite appliqués à la structure par âge de la population française, afin de comparer au niveau agrégé l'effet des changements démographiques aux effets des changements de profils. Pour la dépense totale, on trouve que l'impact des changements de pratiques est 4.6 plus élevé que celui des changements démographiques. En outre, les changements de morbidité font plus que compenser le choc positif dû aux changements démographiques : l'augmentation des dépenses ne serait donc pas due à la détérioration de l'état de santé d'une population vieillissante mais bien aux changements de pratiques à morbidité donnée.