Trajectoires et devenirs de jeunes placés en Protection de l’enfance. De l’observation rétrospective des parcours au suivi prospectif des jeunes : le projet ELAP
Discutant: Patrick Dubéchot (École supérieure de travail social)
Le projet ELAP (Etude Longitudinale sur l’Autonomisation des jeunes après un Placement) vise à mieux connaître les conditions de vie des jeunes pris en charge en protection de l’enfance, qui vont dans un avenir proche accéder à l’autonomie. Contrairement à un grand nombre de pays, il n’existe pas en France d’étude consacrée à cette période de la vie qui est souvent vécue comme une période de forte vulnérabilité.
ELAP est composée de deux volets : l’un, rétrospectif, avait pour objectif de reconstituer à partir des dossiers papier de l’Aide sociale à l’enfance et des tribunaux pour enfants la trajectoire de prise en charge d’une cohorte d’enfants protégés et ayant atteint 21 ans (l’âge limite de la protection en France). 809 trajectoires de placement ont ainsi été reconstituées, ce qui donne une vision fine de la population des enfants protégés : le sexe des enfants, leurs motifs de placements, les âges d’entrée et de sortie, les durées de prises en charge, les éventuels retours en famille et les différents types de placements qui varient considérablement selon les âges sont autant d’informations qui permettent de mieux comprendre les parcours de prise en charge. Le second volet est prospectif : il envisage de suivre une population de jeunes en fin de prise en charge sur 5 ans au fil de trois vagues d’enquête (V1, V1+18 mois et V1+5 ans). Ce second volet a fait l’objet d’une étude de faisabilité en deux vagues de collecte à 6 mois d’intervalle, auprès d’une centaine de jeunes pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance de Paris.
Nous présenterons dans cette séance, les enseignements de cette étude de faisabilité qui nous a amenées à repenser l’enquête prospective sur un temps d’observation bien plus court mais en y reliant les questions de parcours de prise en charge. Nous nous interrogerons notamment sur les difficultés méthodologiques, juridiques et éthiques liées au suivi d’une population à la fois jeune, mobile et potentiellement vulnérable.