La prison soignante ? La place de l’intervention médicale en prison dans les trajectoires de soins de détenus séropositifs au VIH et/ou VHC
Présenté par Meoïn Hagège (Ined) ; discutante : Annabel Desgrees du Lou (Ceped)
Les données présentées ici sont issues d’une enquête en sociologie de la santé sur les trajectoires de soins de sortants de prison atteints d’une hépatite C ou du VIH, à partir d’une ethnographie, d’entretiens biographiques et de questionnaires. L’approche biographique de l’étude de la santé et de la prise en charge permet de rendre compte des évènements marquants dans les trajectoires. Il est ainsi possible de mettre en avant les effets de la contamination, l’annonce, la mise sous traitement et de la maitrise de l’infection sur le recours au soin et, plus largement, sur les processus de subjectivation des patients. Dans les biographies de personnes détenues, l’incarcération joue un rôle particulier et divers selon les situations sociales, mais toujours marquant dans les trajectoires de soins. La prise en charge par l’unité sanitaire en milieu carcéral s’opère le long d’un continuum entre opportunité d’accès à une population vulnérable d’une intervention de santé publique d’un côté et perturbation d’un suivi régulier inscrit dans un rapport soignant-soigné investi, de l’autre. Elle pose la question du gouvernement des corps dans le contexte de « normalisation » de l’épidémie de VIH/Sida en France (Setbon, 2000) ; les modalités de ce gouvernement des corps peuvent être interprétées comme un retour à la contrainte dans un contexte d’autonomisation et de responsabilisation du patient.
Meoïn Hagège
est doctorante à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et à l’Ined. Sa thèse porte sur les trajectoires de soins de sortants de prison.