Pourquoi la mortalité ne recule-t-elle pas plus vite chez les enfants en Afrique sub-saharienne ? Une étude des itinéraires thérapeutiques en cas de corps chaud ou de diarrhée à Bandafassi (Sénégal)
Discutant : Alain Epelboin (UMR 5145-USM 104 Ecoanthropologie et ethnobiologie CNRS MNHN)
En Afrique, plus qu’ailleurs, l’offre de soins reste
insuffisante. La construction de nouvelles infrastructures
sanitaires et l’amélioration des programmes sont une priorité des
gouvernements. Mais ces améliorations suffisent-elles à faire
progresser la santé ? La question se pose, entre autres, lorsque de
nouvelles installations sanitaires sont construites et que la
population ne les fréquente pas ou seulement en cas d’extrême
urgence. Comment expliquer la lenteur des changements de
comportements ? Provient-elle de l’inadéquation entre l’offre et
les besoins ? De « freins culturels » empêchant la modernité de se
diffuser ? De problèmes matériels : coût des soins ou des
transports, pauvreté de la population ? Pour illustrer ce
questionnement, nous étudions ici le cas de la population rurale de
Bandafassi qui a bénéficié depuis 2002, de l’ouverture d’un hôpital
d’initiative privée : l’hôpital de Ninéfescha. La population de
cette zone est suivie depuis plus de 30 ans. L’analyse des données
de suivi démographique montre toutefois que le nouvel hôpital n’a
pas fait reculer sensiblement la mortalité, particulièrement
maternelle et infanto-juvénile. Les responsables de l’hôpital
attribuent cet échec aux villageois, notamment à leurs traditions.
À partir d’un échantillon représentatif des femmes ayant accouché
dans les 12 derniers mois, nous analysons les comportements en
matière de recours aux soins pendant la grossesse et au moment
l’accouchement pour comprendre les raisons de cet échec.