Pourquoi la mortalité ne recule-t-elle pas plus vite chez les enfants en Afrique sub-saharienne ? Une étude des itinéraires thérapeutiques en cas de corps chaud ou de diarrhée à Bandafassi (Sénégal)

le Lundi 24 Novembre 2008 à l’Ined, salle Sauvy

Discutant : Alain Epelboin (UMR 5145-USM 104 Ecoanthropologie et ethnobiologie CNRS MNHN)

En Afrique, plus qu’ailleurs, l’offre de soins reste insuffisante. La construction de nouvelles infrastructures sanitaires et l’amélioration des programmes sont une priorité des gouvernements. Mais ces améliorations suffisent-elles à faire progresser la santé ? La question se pose, entre autres, lorsque de nouvelles installations sanitaires sont construites et que la population ne les fréquente pas ou seulement en cas d’extrême urgence. Comment expliquer la lenteur des changements de comportements ? Provient-elle de l’inadéquation entre l’offre et les besoins ? De « freins culturels » empêchant la modernité de se diffuser ? De problèmes matériels : coût des soins ou des transports, pauvreté de la population ? Pour illustrer ce questionnement, nous étudions ici le cas de la population rurale de Bandafassi qui a bénéficié depuis 2002, de l’ouverture d’un hôpital d’initiative privée : l’hôpital de Ninéfescha. La population de cette zone est suivie depuis plus de 30 ans. L’analyse des données de suivi démographique montre toutefois que le nouvel hôpital n’a pas fait reculer sensiblement la mortalité, particulièrement maternelle et infanto-juvénile. Les responsables de l’hôpital attribuent cet échec aux villageois, notamment à leurs traditions. À partir d’un échantillon représentatif des femmes ayant accouché dans les 12 derniers mois, nous analysons les comportements en matière de recours aux soins pendant la grossesse et au moment l’accouchement pour comprendre les raisons de cet échec.